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La presse progressiste bouleversée par le retour de Trump


La presse progressiste se retrouve confrontée à un défi, à savoir comment couvrir un président qui l'a systématiquement attaquée et menacée.
La presse progressiste se retrouve confrontée à un défi, à savoir comment couvrir un président qui l'a systématiquement attaquée et menacée.

Les médias progressistes, dont certains des plus virulents critiques du Républicain, peinent à se positionner face à son retour au pouvoir, dans un pays où l'opinion est plus polarisée que jamais.

L'émission "Morning Joe" de la chaîne MSNBC s'est ouverte jeudi 5 décembre 2024, sur une diatribe assimilable à un règlement de compte. Dans la ligne de mire du présentateur Joe Scarborough assis près de son épouse Mika Brzezinski et co-vedette de cette tranche matinale, figurait David Frum, journaliste du site d'information The Atlantic.

Pendant un monologue de près d'une vingtaine de minutes, l'ancien membre du Congrès reconverti dans la presse a répliqué à son confrère qui l'accusait de céder à la "peur" de Donald Trump.

Une controverse née la veille en marge de l’émission, lorsque Frum, invité, a ironisé sur Pete Hegseth, l'ancien présentateur de Fox News pressenti comme secrétaire à la Défense de la prochaine administration américaine sous Donald Trump, le nouveau président élu.

"Si vous êtes trop ivre pour Fox News, c'est que vous êtes vraiment ivre", avait lâché le journaliste de The Atlantic à propos des informations parues dans la presse sur la consommation d'alcool présumée de Hegseth.

Une rencontre polémique

Cette boutade avait conduit Mika Brzezinski à prendre ses distances en direct, qualifiant les propos de "désinvoltes". Un recadrage interprété plus tard par Frum dans un article, comme "le frisson de l'intimidation" et un "effort d'apaisement" envers Trump.

"Ce n'était pas le son de la peur, mais celui de la civilité", a rétorqué Scarborough, rappelant ses vingt-deux ans de carrière "sans crainte" dans la politique et les médias. "On ne peut pas se laisser dominer par la peur, même si certains disent que nous le sommes", a-t-il poursuivi.

Cette passe d'armes intervient alors que le duo de présentateurs est au cœur d’une polémique née de leur récente rencontre avec le prochain locataire de la Maison Blanche. Une démarche qu’ils ont pris le soin de révéler à l’antenne le 18 novembre dernier.

Le couple a justifié ce déplacement par la nécessité de "faire quelque chose de différent", ce qui signifie "non seulement parler de Donald Trump, mais aussi parler avec lui". Une position perçue par certains comme une allégeance à l’homme dont Morning Joe s’est fait le plus grand critique ces huit dernières années.

Un dilemme existentiel ?

L’ex-candidat républicain était en effet comparé sur l’émission, pas plus tard qu’en septembre dernier, à Hitler, un "fasciste" représentant une menace pour la démocratie. "Il est difficile de surestimer à quel point ces deux-là sont malhonnêtes", a fustigé le commentateur conservateur Steve Cortes sur Twitter, pointant une volte-face motivée par le retour au pouvoir et la popularité de Trump.

"Soyons clairs, Joe et Mika n'ont pas soudainement vu la lumière, ils ont vu leurs audiences. Ils ont réalisé qu'ils avaient besoin de Trump pour leur survie", a pour sa part, tranché l’ancienne rivale de Trump à l’investiture républicaine Nikki Haley, alors que MSNBC subit une chute de son audimat depuis la présidentielle du 5 novembre.

Depuis cette date, une certaine presse se retrouve confrontée à un défi. À savoir, comment couvrir un président qui a systématiquement attaqué les médias, menacé de révoquer des licences de diffusion et intenté des procès contre les voix critiques.

"J'écris parce que la peur est contagieuse. Si on la laisse se propager, elle nous paralysera tous", soutient David Frum.

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