Selon des sources administratives et des habitants interrogés par téléphone, le M23 reste à l'offensive vers le sud, en direction de la capitale provinciale Goma. Mais il a aussi progressé vers l'ouest du territoire de Rutshuru, dont il contrôle le quart sud-est, frontalier de l'Ouganda et du Rwanda.
"Il est difficile pour moi de parler longtemps car ici chez nous, c'est le M23. Ils sont à Tongo, Murimbi, Rutshovu, Rushenge...", a déclaré un habitant de Tongo, localité située dans le parc des Virunga, sur la route menant vers le territoire voisin du Masisi.
"Ils sont même entrés dans mon bureau", disait dès mercredi soir un responsable du "groupement" (entité administrative) de Tongo.
Le M23 (Mouvement du 23 mars), une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en fin d'année dernière, s'est emparé en juin de Bunagana, à la frontière avec l'Ouganda et, après plusieurs semaines d'accalmie, est reparti le 20 octobre à l'offensive.
Depuis, il a pris le contrôle de plusieurs localités sur la RN2, qui mène à Goma, traversé la route vers l'ouest et continué de descendre vers le sud, vers la capitale de la province du Nord-Kivu. Ces derniers jours, de violents affrontements ont eu lieu à Kibumba, à une vingtaine de km au nord de Goma. Les rebelles ont affirmé mercredi avoir pris cette localité et plusieurs villages voisins.
L'armée n'a pas communiqué, mais cette évolution est confirmée par des sources sécuritaires, sous couvert d'anonymat. Kibumba et Buhumba, localité toute proche, "sont contrôlées par l'ennemi", a indiqué une de ces sources. "Nous sommes à Kibaki", a environ 4 km au sud, sur la RN2, a-t-elle ajouté.
A Goma, un nouveau groupe de soldats kényans de la force régionale est-africaine devant se déployer dans la région est arrivé mercredi, conduit par le général Jeff Nyagah qui va en assurer le commandement. Celui-ci a mis en garde les groupes armés qui refuseraient "le désarmement" et "la voie politique". "Ils auront affaire à nous", a-t-il affirmé.
En visite en début de semaine à Kinshasa puis Goma, l'ancien président kényan Uhuru Kenyatta, "facilitateur" désigné par la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC), avait lui aussi appelé les groupes armés à "déposer les armes".