La Renamo, ancienne rébellion devenue le principal parti d'opposition au Mozambique, a signé mardi un traité de paix définitif avec le gouvernement de Maputo, 27 ans après la fin de la première guerre civile.
Le président Filipe Nyusi et le chef de la Renamo, Ossufo Momade, ont signé le document sur la place de la Paix, à Maputo, en présence de responsables venus de tout le continent, dont les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa et rwandais Paul Kagame et sous les applaudissements de milliers de spectateurs.
"C'est un jour vraiment historique. Cet accord va apporter définitivement la paix à un pays qui a connu suffisamment de souffrances (...) car il s'agit d'un accord conclu par des Mozambicains et pour des Mozambicains", a commenté l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Mozambique, Mirko Manzoni.
Il s'agit de la troisième tentative pour conclure une paix définitive entre les deux rivaux, la Renamo n'ayant jamais totalement désarmé et ayant maintenu une partie de ses combattants dans les montagnes du centre du Mozambique. Le parti accusait le gouvernement de ne pas respecter ses engagements.
Jeudi dernier, Filipe Nyusi et Ossufo Momade, avaient déjà signé un accord sur la cessation des hostilités, dans le Parc national de Gorongosa, dans le centre du Mozambique.
Mais Ossufo Momade est contesté en interne par un groupe affirmant représenter l'aile militaire de la Renamo.
Cet accord met un terme à un long processus de négociations initié par le leader historique de la Renamo, Alfonso Dhlakama, décédé en mai 2018, et intervient à quelques mois des élections générales prévues le 15 octobre.
"La signature de l'accord ouvre la voie à des élections pacifiques", a souligné mardi Cyril Ramaphosa.
"Cet accord, fruit d'un long processus de négociation, représente un progrès fondamental dans la construction de la paix", s'est félicité le ministère portugais des Affaires étrangères du Portugal, l'ancienne puissance coloniale, dans un communiqué.
- "Elections crédibles" -
"La viabilité de cet accord est entre les mains des Mozambicains et dépend de la tenue d'élections crédibles en octobre 2019", a commenté Alex Vines, responsable du programme Afrique pour l'institut de réflexion Chatham House, dans un rapport publié lundi.
"Il va de l'intérêt national d'obtenir un accord durable. Cela permettrait au prochain gouvernement de se concentrer sur le développement de l'industrie gazière, l'amélioration des services, la réduction de la pauvreté et la lutte contre les nouveaux défis en matière de sécurité, tels que le radicalisme islamique violent croissant dans la province de Cabo Delgado", a-t-il ajouté.
Le régime du président Nyusi combat une insurrection jihadiste dans cette province du nord du pays, qui a fait plus de 250 morts depuis octobre 2017.
Peu après l'accession à l'indépendance en 1975 de cette ancienne colonie portugaise, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) avait combattu le gouvernement dirigé par le Front de libération du Mozambique (Frelimo) durant 16 ans. Cette guerre civile, qui a fait un million de morts, a pris fin en 1992.
La Renamo s'est alors transformée en parti politique après un accord de paix signé à Rome, qui a ouvert la voie à des élections multipartites en 1994. La Renamo les a perdues et est devenue le principal parti d'opposition.
En octobre 2013, elle a déclaré la fin de l'accord de paix, après un raid de l'armée. Les hostilités ont alors repris de 2013 à 2016.
Un cessez-le-feu a été déclaré en 2016, suivi de négociations de paix. Malgré la fin de la guerre civile et sa transformation en parti politique, la Renamo conservait un bras armé.
Fin juillet, l'ex-rébellion a entamé le désarmement de ses combattants dans le cadre de l'accord de paix. Quelque 5.200 membres de la Renamo doivent remettre leurs armes au gouvernement.
Certains d'entre eux doivent intégrer l'armée et la police nationale, d'autres être réinsérés dans la vie civile grâce à une aide financière. Le président Nyusi a cependant prévenu la semaine dernière que les combattants qui ne rendraient pas leurs armes seraient "pourchassés".
La signature de l'accord intervient avant une visite en septembre du pape François qui devrait appeler à la réconciliation et à la paix.