Interrogé par le quotidien sur les raisons qui l'ont amené à vouloir rencontrer vendredi prochain à La Havane le patriarche russe orthodoxe Kirill, proche du Kremlin, le pape souligne l'importance de parler avec les Russes pour la paix mondiale et énonce le principe de base de sa diplomatie: "Il faut construire des ponts. Pas à pas. Jusqu'à à réussir à serrer la main de celui qui est de l'autre côté".
Comme la Chine, "la Russie peut donner beaucoup", ajoute-il en reprenant son expression de "guerre mondiale par morceaux". En réalité, martèle-t-il, cette guerre n'est pas par morceaux: c'est vraiment une guerre".
François avait donné la semaine dernière une longue interview remarquée à un journal asiatique, saluant le rôle mondial et la "sagesse" de la Chine.
Pour la rencontre de La Havane, "j'ai laissé faire et j'ai seulement dit que je voulais rencontrer et embrasser de nouveau mes frères orthodoxes. C'est tout. Il y a eu deux ans de tractations en secret, bien conduites par des évêques compétents", observe-t-il.
"Les ponts durent et contribuent à la paix. Les murs non. Ils doivent être détruits, et non pas construits. Ils sont destinés de toutes façons à tomber, l'un après l'autre. Pensons à celui de Berlin. Il semblait éternel et il est tombé en un jour".
"L'Occident doit faire son autocritique" sur la Libye, ajoute encore le pape. "Sur le printemps arabe et sur l'Irak, on pouvait se représenter auparavant ce qui allait se passer. Et en partie il y a eu une convergence d'analyses entre le Saint-Siège et la Russie. En partie... Car il ne faut pas exagérer: la Russie a ses propres intérêts", remarque-t-il.
Si l'on "pense à la Libye avant et après l'intervention militaire contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi, "il n'y en avait qu'une, désormais il y en a cinquante!", ajoute le pontife argentin.
Avec AFP