Tout est parti d'un message de Roseanne Barr posté dans la nuit de lundi à mardi. La comédienne de 65 ans s'en était prise à l'ancienne conseillère de Barack Obama, Valerie Jarrett: "les Frères musulmans et la Planète des singes ont eu un bébé: vj".
Quelques heures plus tard, Roseanne Barr supprimait ce tweet et écrivait: "Je m'excuse auprès de Valerie Jarrett et de tous les Américains. Je suis désolée d'avoir fait cette mauvaise plaisanterie sur sa politique et son apparence."
"J'aurais dû faire attention", a poursuivi celle qui est scénariste, productrice et actrice de la série "Roseanne", qui évoque l'histoire d'une famille ouvrière américaine peinant à joindre les deux bouts.
Mais ces excuses, suivies par l'annonce par l'actrice de son retrait de Twitter, n'ont pas suffi à éteindre la polémique.
La présidente du divertissement chez ABC, Channing Dungey, qui est noire, a qualifié d'"odieux" et de "répugnant" le message de Roseanne Barr, connue pour son soutien à Donald Trump et indissociable de "sa" série, considérée aux Etats-Unis comme l'une des plus marquantes des années 1980 et 1990, avant son retour en mars après 21 ans d'absence.
Le PDG de Disney lui-même, Bob Iger, très rare sur les réseaux sociaux, a retweeté mardi le message de Channing Dungey, ajoutant au sujet de sa filiale ABC qu'il "n'y avait qu'une seule chose à faire, et c'était celle-là".
"Nous devons en faire un moment de pédagogie", a déclaré Valerie Jarrett à la chaîne MSNBC, qui filmait une émission sur le racisme à laquelle participait celle qui a conseillé Barack Obama durant l'intégralité de ses deux mandats.
L'agence ICM Partners a de son côté annoncé mardi qu'elle ne représenterait plus Roseanne Barr, qui était jusqu'ici sa cliente.
Deux heures avant la décision d'ABC, l'actrice et productrice à succès noire Wanda Sykes avait annoncé quitter la série. Elle avait contribué à l'écriture du scénario de cette dixième saison de "Roseanne", beaucoup plus ouverte sur les minorités que par le passé.
Une personnalité sulfureuse
Lors de la diffusion de cette nouvelle saison, qui s'est achevée le 22 mai, "Roseanne" a été la série la plus regardée de la saison 2017-18 sur les grandes chaînes américaines. Un petit miracle, quand la presque totalité des reprises ou "reboots" de séries anciennes se soldent par des échecs ou des audiences moyennes.
ABC avait annoncé avoir commandé une onzième saison, trois jours seulement après la diffusion du premier épisode de la dixième.
Le président des Etats-Unis avait lui-même appelé celle que tout le monde nomme simplement Roseanne pour la féliciter sur ses audiences après la diffusion du premier épisode de la dixième saison.
Roseanne Barr est connue pour ses opinions conservatrices et a affiché, à plusieurs occasions, son soutien à Donald Trump.
Son compte Twitter est, de longue date, l'occasion pour elle d'afficher ses positions anti-avortement, anti-immigration, anti-démocrates, pro-israéliennes, souvent dans un langage fleuri et avec un goût pour les théories conspirationnistes.
"Vous pouvez sortir (la série) +Roseanne+ du racisme, mais vous ne pouvez pas sortir Roseanne (Barr) du racisme", a tweeté, en réaction, l'acteur américain Don Cheadle.
Plusieurs personnalités et anonymes avaient réclamé à ABC le retrait de la série pour sanctionner le tweet raciste. La décision de la chaîne a été largement saluée, notamment pour sa rapidité.
En revanche, de nombreuses personnalités d'extrême droite, notamment le conspirationniste Alex Jones, ont soutenu publiquement la comédienne, accusant la chaîne de censure. Certains ont même appelé à un boycott de la filiale de Disney.
L'une des principales actrices de la série, Sara Gilbert, a elle assuré que le tweet "ne (reflétait) pas les opinions de notre équipe ou de toute personne associée à la série", se disant, à titre personnel, "déçue" par le message, "c'est le moins que l'on puisse dire".
Pour sa dixième saison, la série avait notamment été saluée pour sa propension à réunir, au sein d'une même famille, des républicains et des démocrates capables d'échanger sans se brouiller.
Avec AFP