"Les forces russes évoluent probablement vers un bombardement prolongé de villes ukrainiennes dû à l'échec de sa campagne initiale pour encercler Kiev et d'autres villes majeures", estime l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Voici un point de la situation établi à partir d'éléments des journalistes de l'AFP sur place ainsi que des déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
Kiev, Kharkiv et le Nord
Un quartier résidentiel du nord-ouest de Kiev a été la cible mercredi matin d'un bombardement russe qui a fait quatre blessés légers et endommagé plusieurs habitations.
Mais alors que le couvre-feu instauré lundi matin dans la capitale était censé s'achever ce mercredi, l'avancée des troupes russes semble figée. L'armée russe tente toujours de l'encercler. Mais aucune offensive majeure n'a été constatée depuis lundi.
Aucune attaque russe n'a d'ailleurs été constatée dans le Nord-est ces dernières 24 heures, écrivait dans la nuit l'ISW.
Le Sud
Marioupol, stratégiquement située entre la Crimée (sud) et le territoire séparatiste de Donetsk (est), est sous une pluie de bombes russes depuis des semaines.
"Près de 100.000 personnes dans des conditions inhumaines" sont piégées dans les ruines de Marioupol, "en état de siège total, sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sous des bombardements constants", a alerté le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Des chars russes ont pénétré dans la ville et un haut responsable du Pentagone a affirmé mardi soir que la stratégie russe s'appuyait désormais sur "des tirs à longue portée sur le centre-ville", observés par les Américains "depuis les dernières 24 heures".
La ville de Kherson reste la seule ville majeure conquise entièrement par les forces de Moscou, qui "essayent toujours d'encercler Mykolaïv en ambitionnant d'avancer sur l'Ouest vers Odessa", estime le ministère britannique de la Défense.
Kharkiv (nord-est), la deuxième ville du pays, est entourée par les forces russes sur plusieurs côtés et les grands axes, mais n'est pas encerclée.
Les Ukrainiens "sont désormais, dans certaines situations, à l'offensive", a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby sur CNN, affirmant qu'ils "pourchassent les Russes et les repoussent en dehors de zones où les Russes étaient par le passé".
L'Ouest et le Centre
Pas de bombardement majeur sur l'ouest et le centre de l'Ukraine ces derniers jours.
L'Est
Les forces russes ont mené plusieurs attaques "infructueuses" près de Donetsk et Lougansk, selon l'ISW. L'institut cite aussi l'état-major ukrainien, selon lequel plusieurs villes de plus petite taille auraient tenu face à des assauts de l'armée russe et de ses supplétifs.
"L'effort russe se porte toujours le nord du Donbass (Yzium-Severodonetsk) et surtout Marioupol", estime pour sa part l'ex-colonel français Michel Goya.
Bilan humain
Aucun bilan précis n'est disponible. Au moins 925 civils ont été tués en Ukraine dont 75 enfants, d'après le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), qui souligne que les bilans réels sont probablement très supérieurs.
Les pertes de l'armée ukrainienne s'élèvent à "environ 1.300" militaires, a affirmé le 12 mars le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Moscou a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan (498 soldats tués). L'Ukraine affirme, elle, que l'armée russe a perdu "environ 12.000 hommes".
Des sources du renseignement américain citées par le New York Times estimaient récemment que plus de 7.000 soldats russes avaient été tués en trois semaines.
Réfugiés et déplacés
Environ 10 millions d'Ukrainiens ont fui leur foyer, dont un tiers environ est parti à l'étranger, principalement en Pologne, selon l'ONU.