Sur l'ensemble du front au 72e jour de la guerre, les efforts russes pour arracher des succès de prestige avant les célébrations du 9 mai marquant la victoire de l'Armée rouge sur l'Allemagne nazie semblaient piétiner, selon des experts.
Voici un point de la situation à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.
Le Sud
Les informations sur la situation dans l'aciérie Azovstal de Marioupol, où vivent retranchés dans d'immenses galeries souterraines civils et combattants, restaient contradictoires. Les forces russes y poursuivent leur offensive, a affirmé vendredi le ministère ukrainien de la Défense.
"Une voiture a été visée par les Russes avec un missile guidé antichar. Cette voiture se dirigeait vers des civils pour les évacuer de l'usine", a assuré le régiment Azov, qui défend l'aciérie, sur la messagerie Telegram. "Un combattant a été tué et six blessés", a-t-il ajouté. "L'ennemi continue de violer tous les accords et de ne pas respecter les garanties de sécurité des évacuations de civils".
Le ministère britannique de la Défense estime de son côté que "les nouvelles tentatives russes de s'emparer d'Azovstal et de parachever la prise de Marioupol sont probablement liées aux célébrations de la victoire du 9 mai et au désir (du président russe Vladimir) Poutine d'obtenir un succès symbolique en Ukraine". Selon l'Institut américain d'étude de la guerre (ISW), "les forces russes vont probablement prendre le contrôle du site dans les prochains jours".
"Offensives inefficaces"
Dans le bassin houiller du Donbass, où se concentre l'offensive de Moscou, Severodonetsk, l'une des villes d'importance encore sous contrôle ukrainien, est "quasiment encerclée" par les forces russes et les séparatistes prorusses, a indiqué vendredi le maire de cette ville de la région de Lougansk, Olexandre Striouk.
Bien qu'une très large majorité des quelque 100.000 habitants aient été évacués, le maire a déploré que 15.000 d'entre eux refusent de partir.
"Les forces russes ont poursuivi leurs opérations offensives inefficaces au sud de Kharkiv, dans les régions de Donetsk et de Lougansk sans enregistrer de gains territoriaux significatifs au cours des dernières 24 heures", estimait jeudi soir l'ISW.
Une contre-offensive ukrainienne à partir de Kharkiv pour mettre la deuxième ville du pays hors de portée de l'artillerie ennemie pourrait contraindre les Russes à "se renforcer près de Kharkiv où à risquer de perdre la plupart ou toutes leurs positions à portée d'artillerie", selon l'ISW.
Bilan humain
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé il y a plusieurs semaines de 20.000 morts. Et les enquêteurs ukrainiens affirment avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre.
Sur le plan militaire, selon un bilan publié vendredi sur Twitter par Oleksiy Arestovytch, conseiller de la présidence ukrainienne, l'armée russe a perdu 24.900 hommes, 199 avions et 1.110 chars depuis le début de son offensive le 24 février. Le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes". Certaines sources occidentales font état de jusqu'à 12.000 soldats russes tués.
Le président Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés. Aucune statistique indépendante n'est disponible.
Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays. Les femmes et les enfants représentent 90% de ces réfugiés, les hommes de 18 à 60 ans, susceptibles d'être mobilisés, n'ayant pas le droit de partir. Plus de 7,7 millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur du pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).