Renversé par une insurrection populaire en octobre 2014, le dernier gouvernement de Blaise Compaoré est jugé devant la Haute cour de justice pour la répression des manifestants qui avait fait une trentaine de morts et plus de 600 blessés.
Au moins cinq ministres du dernier gouvernement sont également poursuivis pour "détournements de deniers publics", "enrichissement illicite" ou "malversations financières".
"Pour nous il ne s'agit pas de juger seulement le dernier gouvernement du régime Compaoré. Il faut juger du premier au dernier gouvernement du régime Compaoré", depuis son accession au pouvoir en août 1987 jusqu'à sa chute, a déclaré le président du Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples, Chrysogone Zougmoré.
M. Zougmoré a rappelé le précédent du jugement de l'ensemble du régime du premier président du Burkina Faso, Maurice Yaméogo, après qu'il eut été renversé en 1966 par une manifestation pacifique.
Chantre d'une modification de la Constitution pour permettre à Blaise Compaore de se maintenir au pouvoir, alors qu'il était à la tête de l'assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré, actuel chef de l'Etat, avait ensuite fait son mea culpa après avoir rejoint l'opposition en janvier 2014, avec d'autres barons du régime, dont Salif Diallo, un ex-bras droit de Blaise Compaoré, avec qui il a créé le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, au pouvoir).
"Si trois ans après l'insurrection populaire et près d'un an et demi après l'arrivée au pouvoir du MPP et alliés, la justice n'est pas encore dite sur certains de ces dossiers judiciaires emblématiques, on peut en conclure que les tenants du pouvoir actuel ont des choses à se reprocher", a relevé le porte-parole des comités de défense et d'approfondissement des acquis de l'insurrection populaire, Elie Tarpaga.
"Nous attendons des jugements concrets pour la satisfaction des ayants droit", a indiqué M. Zougmoré.
"Alors que le peuple réclame justice, des manoeuvres sont en cours dans les camps du pouvoir et de l'opposition pour trouver des portes de sortie sous l'appellation +réconciliation nationale+", a dénoncé Elie Tarpaga.
"Pour qu'il y ait réconciliation il faut qu'il y ait vérité sur les crimes de sang et les crimes économiques et surtout qu'il y ait la justice", notamment sur les "dossiers emblématiques tels que Norbert Zongo (journaliste assassiné en 1998), Dabo Boukary (étudiant torturé à mort en 1990), Thomas Sankara (ancien président tué lors du putsch de 1987)", a estimé Chrysogone Zougmoré.
Vendredi, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté devant le palais de justice pour réclamer "vérité et justice" pour Dabo Boukary.
Avec AFP