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La Suisse choisit le F-35A américain pour renouveler sa flotte


Le bombardier américain à long rayon d'action B1-B, accompagné d’un avion de chasse F-15, survole le Nevada, 19 juillet 2002.
Le bombardier américain à long rayon d'action B1-B, accompagné d’un avion de chasse F-15, survole le Nevada, 19 juillet 2002.

Le gouvernement suisse a fait le choix du tout américain pour sa future défense aérienne, en sélectionnant mercredi l'avion de combat F-35A et le système sol-air Patriot, au risque de se retrouver démenti par un vote populaire et de froisser en Europe.

La décision de commander 36 F-35A et cinq systèmes Patriot va probablement devoir passer par les urnes. La gauche et un groupe antimilitariste, qui contestent ce choix, n'auront sans doute aucun mal à collecter les signatures nécessaires pour obliger à un vote.


En septembre 2020, les Suisses avaient approuvé à seulement 50,1% l'enveloppe pour l'achat de nouveaux systèmes d'armes dans ce domaine.


Outre le F-35A de Lockheed Martin, qui est la version déjà en service dans l'armée de l'air américaine et de plusieurs pays européens, étaient également en lice le Rafale du français Dassault, le F/A 18 Super Hornet de Boeing et l'Eurofighter Typhoon du groupe européen Airbus.


Consciente du fait que le choix sera critiqué et décortiqué, la conseillère fédérale chargée de la Défense, Viola Amherd, a martelé que "c'était très important pour moi d'avoir un processus de sélection correct et propre pour qu'on puisse l'expliquer à la population".


Elle avait demandé à un cabinet d'avocats indépendants de faire une évaluation du processus de sélection et souligné qu'au regard de la différence de coût, le Conseil fédéral n'avait pas réellement d'autre choix.

- Plus efficace et moins cher -
"Il ressort de l'évaluation que ces deux systèmes l'emportent quant à l'utilité globale tout en présentant les coûts globaux les plus bas", peut-on lire dans le communiqué officiel.


L'avion de combat américain -qui fait pourtant l'objet de nombreuses critiques aux Etats-Unis notamment en raison de son coût d'exploitation- a de loin obtenu les meilleures notes.


Le Conseil fédéral a en particulier mis en avant le fait que, selon lui, le F-35A, dans la quantité souhaitée, était "près de deux milliards (de francs) meilleur marché que ses concurrents" sur les 15,5 milliards de francs (14,1 milliard d'euros) du coût total sur 30 ans. L'achat seul revient à cinq milliards de francs suisses (4,6 milliards d'euros)


Le seul critère pour lequel l'appareil de Lockheed Martin n'est pas arrivé en tête est celui des compensations industrielles.


Dans le cas du système de défense sol-air de longue portée, le "Patriot se distingue de SAMP/T (proposé par le consortium franco-italien Eurosam, ndlr) pour les quatre principaux critères, parfois de manière significative, notamment dans celui de l’efficacité", et il est aussi "plus avantageux en termes de coûts", a conclu le Conseil fédéral.


Le coût global des Patriot s'élève à environ 3,6 milliards de francs sur 30 ans, frais d'exploitation compris. "Le système est ainsi nettement plus avantageux que l'autre candidat", assure le gouvernement.

- A bout de souffle -
Les nouveaux avions, dont le premier exemplaire doit être livré en 2025 selon Lockheed Martin, vont remplacer de vieux F5 Tiger de fabrication américaine, en service depuis 40 ans et une trentaine de F/A 18 Hornet, qui arriveront en fin de vie vers 2030.


Les F-35A seront pour l'essentiel destinés à assurer la police aérienne en temps normal et à garantir l'intégrité de l'espace aérien suisse en période de tensions ou de conflit.


"Une protection crédible de l'espace aérien peut déterminer si la Suisse est entraînée ou non dans un conflit", souligne le département de la Défense.


L'armée de l'air n'a aujourd'hui plus la capacité d'appuyer les troupes au sol que ce soit en termes de reconnaissance ou d'intervention contre des cibles terrestres.


Les systèmes de défense sol-air existants sont eux aussi âgés et surtout ne permettent pas de couvrir tout le spectre des menaces modernes.

- Déception en France -
L'annonce a agacé en France, d'autant qu'elle vient seulement deux jours après l'élimination de l'équipe de France de l'euro par la "Nati", la sélection de la Confédération helvétique.


"Décidément, la Suisse fait le choix de tourner le dos à l'Europe", a réagi auprès de l'AFP le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, faisant allusion au rejet par le gouvernement suisse d'un projet d'accord-cadre avec l'Union européenne après de longues années de négociations.


Pour sa part, le ministère français des Armées français a pris "acte de ces décisions souveraines qui traduisent un choix au profit de matériels non européens", dans un communiqué.


La ministre, Florence Parly, a réaffirmé "sa pleine confiance dans la qualité des équipements proposés dans cette compétition par l'industrie française".


Mme Amherd, a quant à elle tenu à rassurer le grand voisin. "Nous ne tournons certainement pas le dos à la France. Nous allons continuer à bien travailler ensemble avec la France (…) et je pars du principe que la France voit cela du même oeil".

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