A la fois pionnière et unique rescapée des "Printemps arabes", la Tunisie ne parvient pas à faire redémarrer son économie. L'an dernier, une série d'attaques djihadistes a entraîné une baisse vertigineuse de la fréquentation touristique, un des secteurs clés pour le pays.
Après une croissance inférieure à 1% en 2015, la Banque affiche un optimisme prudent pour les deux prochaines années, dans une note de conjoncture publiée mercredi.
"Le scénario central privilégie un retour graduel vers le rythme de croissance d'avant 2015" avec un taux de 2% cette année et 3,5% en 2017, écrit-elle.
L'institution mentionne toutefois la persistance de "risques spécifiques" sur la croissance, dont "l'intensification des crises géopolitiques".
Ce scénario tient aussi compte d'un "rythme de redressement (...) très lent" de l'activité touristique, relève la Banque.
Jusque-là contributeur au Produit intérieur brut (PIB) à hauteur de près de 7%, ce secteur a connu une année 2015 catastrophique, dans le sillage des attentats du musée du Bardo en mars et de Sousse en juin (60 morts).
D'après la Banque centrale, la chute des recettes touristiques au premier trimestre a atteint 51,7% par rapport à la même période de 2015, à 282 millions de dinars (environ 120 millions d'euros).
Elle fait état d'autres facteurs d'inquiétude, avec un déficit pluviométrique pour la campagne agricole 2016 ou encore l'impact de troubles sociaux sur la production minière (-18% sur les trois premiers mois par rapport au trimestre précédent).
S'agissant de l'inflation, qui a parfois dépassé 6% après la révolution de 2011, la Banque centrale évoque "une moyenne de 3,6%" pour 2016 et 4,2% en 2017.
Pour relancer l'économie, le gouvernement doit mettre prochainement en œuvre un plan quinquennal basé sur un taux de croissance de 5%, qui prévoit une accélération des réformes.
Il a obtenu le mois dernier un "accord de principe" du Fonds monétaire international (FMI) pour une nouvelle ligne de crédit d'un montant de 2,8 milliards de dollars (2,5 milliards d'euros) sur quatre ans.
La Tunisie est notamment confrontée à un taux de chômage massif parmi les jeunes. Elle a connu en janvier sa pire contestation sociale depuis la révolution.
Avec AFP