Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a rejeté mercredi les critiques disant que son pays avait monnayé auprès de Bruxelles son engagement à enrayer le flot des migrants qui se pressent vers l'Union européenne (UE).
Lors d'un sommet lundi à Bruxelles, les Turcs ont exigé le doublement de 3 à 6 milliards d'euros de l'enveloppe que lui a promise l'UE pour l'accueil et l'intégration des 2,7 millions de Syriens réfugiés sur son sol pour fuir la guerre civile dans leur pays.
"Nous voyons des accusations injustes contre la Turquie (...) C'est comme si cet argent était donné à la Turquie. Comme si la Turquie mendiait", a regretté M. Cavusoglu lors d'une conférence de presse à Ankara.
Depuis des semaines, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé les réticences de l'UE à verser les sommes promises.
Outre le versement de ces 6 milliards d'euros, la Turquie a également exigé la suppression dès juin prochain des visas pour ses citoyens qui veulent se rendre dans l'espace Schengen et l'accélération de son processus d'adhésion à l'UE.
En échange de ces exigences, Ankara s'est engagé à reprendre sur son territoire tous les migrants, y compris syriens, qui ont rallié clandestinement les îles grecques à condition que l'UE accepte un demandeur d'asile syrien pour chaque Syrien repris par la Turquie.
Cette mesure doit permettre de dissuader les candidats à l'asile en Europe de continuer à traverser la mer Egée clandestinement depuis la Turquie vers la Grèce.
L'ONU comme les ONG se sont toutefois inquiétées de la légalité du plan envisagé, sévèrement critiqué par de nombreux eurodéputés qui reprochent aux dirigeants de l'UE d'avoir "cédé au chantage" d'Ankara.
Le chef de la diplomatie turque a défendu mercredi ce plan, estimant qu'il pouvait "être accepté par les deux parties". "Notre coopération avec l'UE est importante. Notre principal objectif est de stopper l'immigration irrégulière", a-t-il insisté.
(Avec AFP)