Le retour des ambassadeurs dans les deux pays symbolisera "dans les plus brefs délais" la fin de cette crise diplomatique qui durait depuis 2010.
En annonçant les détails de l'accord, les dirigeants turcs et israéliens se sont félicités de cette normalisation entre deux pays qui étaient de proches alliés jusque dans les années 2000.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu'elle allait avoir "des conséquences positives" et "immenses pour l'économie" de son pays, qui recherche des débouchés pour les réserves gazières qu'il va commencer à exploiter en Méditerranée.
Un haut responsable turc a déclaré que l'accord représentait "une victoire diplomatique pour la Turquie" tandis que le nouveau Premier ministre Binali Yildirim saluait "un pas important" après "tant d'années" de préparations pour cet accord.
Le retour à des relations normales réjouit également les Etats-Unis, qui comptent sur ces deux pays alliés, la Turquie, membre de l'Otan, et Israël, pour renforcer la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a qualifié l'accord de "pas positif".
De son côté, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, en visite à Jérusalem, a vu dans l'accord "un important signal d'espoir pour la stabilité" du Moyen-Orient, plongé dans une série de conflits et de crises.
Relations dégradées
Les relations israélo-turques s'étaient progressivement détériorées au cours des années 2000, avant d'être réduites de manière drastique en 2010 en réaction à l'assaut meurtrier lancé par des commandos israéliens contre le Mavi Marmara, un navire affrété par une ONG humanitaire turque pour tenter de briser le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza. Cette opération s'était soldée par la mort de 10 Turcs.
Israël avait présenté ses excuses en 2013 mais les tensions s'étaient ravivées l'année suivante avec une nouvelle offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Afin de rassurer les Palestiniens, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu dans la nuit avec le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, selon un communiqué de la présidence palestinienne. M. Erdogan a également rencontré vendredi le chef du Hamas, Khaled Mechaal, basé à Doha.
Au cours des dernières semaines, la Turquie et Israël avaient esquissé leur rapprochement, Ankara étant mu par une volonté de restaurer son influence régionale, selon des experts.
Israël s'est notamment engagé à verser 20 millions de dollars (18 millions d'euros) aux familles des dix Turcs tués lors de l'assaut contre le Mavi Marmara en 2010 en échange de l'abandon par Ankara de poursuites judiciaires contre les militaires israéliens.
Aide à Gaza
La Turquie avait posé trois conditions à une normalisation des relations: des excuses publiques pour l'assaut, des indemnisations financières pour les victimes et la levée du blocus de Gaza, contrôlée par le Hamas.
Mais M. Netanyahu a affirmé que ce blocus resterait en vigueur. "C'est un intérêt sécuritaire de haute importance pour nous. Je n'étais pas prêt à le renégocier", a-t-il déclaré à Rome où il a rencontré M. Kerry.
Selon la Banque mondiale et l'ONU, le blocus maritime, terrestre et aérien a virtuellement tué toute exportation de Gaza, mené l'économie de la petite enclave coincée entre Egypte, Israël et Méditerranée au bord du gouffre. Il prive également de mouvement la grande majorité des 1,9 million de Palestiniens de Gaza.
Mais pour Israël, ce blocus est nécessaire pour empêcher l'entrée de matériaux permettant aux groupes armés de produire leurs arsenaux artisanaux.
L'accord précise toutefois que la Turquie va acheminer vendredi "plus de 10.000 tonnes d'assistance humanitaire" depuis le port turc de Mersin (sud) vers le port israélien d'Ashdod pour les Palestiniens de la bande de Gaza, a indiqué M. Yildirim.
Selon les médias israéliens, Ankara se serait engagée à empêcher le Hamas au pouvoir à Gaza de mener des activités anti-israéliennes à partir de son territoire, mais il pourra continuer à avoir des activités diplomatiques en Turquie.
M. Netanyahu était soumis à des pressions en Israël pour ne pas signer cet accord sans que le Hamas s'engage à restituer les corps de deux soldats israéliens tués à Gaza en 2014 mais aussi à libérer deux Israéliens présumés vivants et détenus par le mouvement islamiste. M. Erdogan a accepté, selon un responsable israélien, d'apporter son aide sur cette question.
Avec AFP