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Visite inédite à Lagos de Buhari un an avant la présidentielle


Le président Muhammadu Buhari à l'hotel Eko, à Lagos, le 29 mars 2018.
Le président Muhammadu Buhari à l'hotel Eko, à Lagos, le 29 mars 2018.

Le chef de l'Etat Muhammadu Buhari a effectué jeudi sa première visite officielle à Lagos, poumon économique du Nigeria, où la campagne électorale est déjà dans tous les esprits, à moins d'un an de la présidentielle prévue en février 2019.

Après l'inauguration d'une vaste station de transports publics, le chef de l'Etat a passé plusieurs heures au colloque organisé en l'honneur de Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos et poids lourd du parti au pouvoir, le All Progressive Congress (APC).

Devant les caméras, M. Buhari, 75 ans, s'est montré tout sourire avec son hôte, politicien influent qui a joué un rôle crucial dans la conquête électorale du sud-ouest, région la plus prospère et l'une des plus peuplée du pays, aux élections de mars 2015.

"Je suis heureux d'être ici avec vous pour fêter l'anniversaire de mon ami et partenaire politique, Bola Tinubu", a déclaré le président devant des centaines de convives représentant l'élite (politique, économique et culturelle) du pays, dans un hôtel luxueux de Lagos. La première fortune du Nigeria, l'homme d'affaires Aliko Dangote, était notamment assis au premier rang.

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"Nous voulons remplacer la corruption par la rectitude, l'insécurité par la sécurité et la pauvreté par la prospérité", a déclaré M. Buhari, dans un discours parfois confus, mais aux accents de pré-campagne électorale.

"La route que nous empruntons est rude et semée d'obstacles, la recherche du progrès a ses aspérités", a-t-il ajouté. "Demain peut être meilleur qu'aujourd'hui et le bien peut triompher du mal".

Prenant à son tour la parole, Tinubu, surnommé le "faiseur de roi", a lui aussi promis de meilleurs jours aux Nigérians: "nous avons une nation à sauver, nous avons un bon leader à imiter, nous avons de l'espoir".

Le président, qui a passé de longs mois à Londres pour se faire soigner d'une maladie non révélée au public l'an dernier, voyage rarement à l'extérieur d'Abuja, la capitale fédérale, et n'a visité que quelques-uns des 36 Etats du Nigeria ces trois dernières années.

Lagos, mégapole tentaculaire où vivent quelque 20 millions d'habitants, est restée paralysée plusieurs heures à l'occasion de sa venue, l'Etat de Lagos ayant décrété la journée fériée.

De nombreux commerces, banques et marchés sont restés fermés une partie de la journée et la circulation était coupée sur certains grands axes, où les forces de sécurité étaient massivement déployées.

Très critiqué

M. Buhari, un peul originaire du nord majoritairement musulman du Nigeria, n'a pas encore annoncé s'il comptait se présenter pour un second mandat présidentiel. Mais s'il espère gagner, il aura besoin du soutien du sud-ouest, dominé par le groupe ethnique yorouba, et par extension de Bola Tinubu.

"Il est difficile de penser au Nigeria en ce moment autrement qu'à travers le prisme des élections", a déclaré à l'AFP l'analyste Antony Goldman, du cabinet de conseil basé à Londres PM Consulting.

"Bien qu'il (Buhari) n'ait pas encore annoncé s'il sera candidat, beaucoup d'éléments laissent à penser qu'il va essayer", a ajouté M. Goldman, rappelant que "Lagos est un trophée, politiquement, économiquement et symboliquement".

M. Buhari pourrait chercher à "réparer les pots cassés" avec Tinubu, avec qui les relations s'étaient notoirement dégradées depuis trois ans, selon Cheta Nwanze du cabinet de conseil SBM Intelligence, basé à Lagos.

"Le fait qu'il soit venu à Lagos est un geste approprié", a déclaré M. Nwanze, "mais il reste à voir si ce geste est accepté."

Alors que le premier producteur de pétrole africain a traversé l'an dernier une récession économique aggravée par la chute des cours du baril, le chef de l'Etat a été largement critiqué - jusque dans son propre parti - pour sa passivité et la rigidité de sa politique monétaire, qui a découragé les investisseurs étrangers.

L'APC devrait mettre fin au suspense en désignant son candidat aux primaires du parti, prévues dans la seconde partie de l'année 2018.

Avec AFP

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