Une note de la direction générale des douanes béninoise signée jeudi autorise la libre sortie de produits béninois à destination du Niger, en particulier "le riz, les conserves et l’huile", et la libre circulation des personnes dans les deux sens, ainsi que l’entrée de produits en provenance du Niger sur le territoire béninois. En revanche, l’interdiction de sortie reste maintenue pour tous les produits vivriers cultivés au Bénin, tels que "le maïs, le mil et le sorgho", vers le Niger.
Les autorités béninoises souhaitent que ces nouvelles directives s'accompagnent d’un renforcement de "contrôles sur les embarcations et les véhicules afin de détecter et intercepter éventuellement tout transport d’armes, de munitions ou de matériels pouvant être utilisés par les groupes armés terroristes". Depuis plusieurs semaines, les signes d’apaisement entre le Bénin et le Niger se multiplient, avec en particulier des rencontres organisées entre les deux voisins et l'agrément fourni par les autorités béninoises en octobre au diplomate Kadade Chaibou, nommé nouvel ambassadeur du Niger à Cotonou.
Les relations entre les deux pays s'étaient tendues avec le coup d’État militaire qui avait renversé en juillet 2023 le président nigérien élu Mohamed Bazoum. Le Niger, malgré la levée des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) imposées pendant plusieurs mois après le coup d’État, refuse de rouvrir sa frontière avec le Bénin, accusant son voisin d'abriter des "bases françaises" qui entraîneraient des "terroristes", ce que Paris comme Cotonou nient.
Or le président béninois Patrice Talon en fait une condition pour autoriser le chargement du pétrole nigérien dans les eaux béninoises au port de Sèmè-Kpodji, via un oléoduc géant inauguré en novembre 2023 et géré par la société chinoise Wapco. En juin, cinq ressortissants nigériens, dont Moumouni Hadiza Ibra, la directrice générale adjointe de la société pétrolière Wapco-Niger, ont été arrêtés au port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Trois d'entre eux ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis pour "usurpation de titre et usages de données informatiques falsifiées" par la Cour de répression des infractions économique et du terrorisme béninoise (Criet). Cet épisode avait provoqué une escalade dans les tensions entre les deux voisins, le Niger ayant évoqué un "kidnapping".
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