Arrivé à l'intersaison, l'entraîneur Carlo Ancelotti est déjà sous le feu des critiques pour son supposé "laxisme" avant d'affronter le Bayer, qualifié en 8e de finale de la Ligue des champions. La comparaison avec son prédécesseur Pep Guardiola, qui lui était favorable jusqu'en septembre, est en train de tourner à son désavantage, comme le révèlent certains symptômes de plus en plus visibles.
Les Bavarois viennent de perdre deux matches consécutivement, l'un contre le grand rival Dortmund (0-1), l'autre contre une faible équipe de Rostov (2-3) qu'ils avaient balayée 5-0 à l'aller en C1.
Ils ont au passage perdu la tête de la Bundesliga pour la première fois depuis septembre 2015, et pointent désormais à trois points du RB Leipzig.
Toujours invaincus, les joueurs de Red Bull étrennaient vendredi soir leur costume de leader à Fribourg, 10e du classement, un adversaire à leur portée.
Mais que Leipzig gagne ou pas, le Bayern et Ancelotti se mettraient en danger en cas de nouvelle contre-performance à domicile.
Dans un club où la défaite n'est pas une option, les nerfs se sont soudainement tendus. Le patron du club Karl-Heinz Rummenigge a taclé son défenseur central Jerome Boateng après le match de Rostov: "Ce serait bien, dans son intérêt et celui du club, s'il redescendait un peu sur terre".
Elu footballeur de l'année 2015-2016 en Allemagne, Boateng a multiplié récemment les apparitions extra-sportives et s'affiche volontiers sur les réseaux sociaux avec des stars d'Hollywood.
Le capitaine Lahm a lui lancé un avertissement à tout son vestiaire: "En ce moment nous sommes trop négligents. Nous avons oublié que les erreurs se payent, et que nos adversaires peuvent aussi marquer des buts (...) Il faut rapidement corriger nos erreurs".
Rummenigge n'a pas supporté de voir Leipzig passer devant, et appelle à l'aide Dortmund pour abattre l'insolent promu, bête noire des "traditionalistes" de Bundesliga.
"Nous allons lancer la chasse, tout de suite, a-t-il lancé. Il appartient aux équipes supposées plus fortes, le Bayern et Dortmund, d'augmenter la pression. C'est ce que nous allons faire dans les prochaines semaines, et on verra bien qui sera devant à la fin".
Son homologue de Dortmund Hans-Joachim Watzke, qui n'a jamais caché son hostilité au modèle économique du RB, a été encore plus clair: "Nous n'avons pas besoin de ce leader-là".
Et si c'était mieux sous Guardiola? Les commentateurs ne se gênent plus désormais pour critiquer le supposé manque de rigueur d'Ancelotti, dénonçant des entraînements trop "mous" et une trop grande liberté tactique laissée aux joueurs sur le terrain.
"Ce n'est pas le Bayern que nous connaissons", a martelé l'ex-star bavaroise Lothar Matthäus, consultant respecté pour la télévision: "Il leur manque l'envie d'en finir, la détermination, le dernier geste, les tripes et l'agressivité!"
Guardiola était parfois critiqué pour enfermer ses joueurs dans un schéma tactique hyper contraignant. Mais il intervenait constamment pour replacer son équipe depuis la ligne de touche lorsqu'il y avait le feu dans la défense. La passivité apparente de l'Italien, plus rond, tranche.
Avec AFP