D'ici la décision finale, attendue mi-août, trois scénarios sont possibles pour le géant sud-américain.
- Rousseff destituée, Temer gouverne jusqu'en 2018 -
C'est le scénario le plus probable : il faudra que 54 des 81 sénateurs se prononcent "pour" la destitution de Mme Rousseff lors du vote prévu le 15 août, en pleins jeux Olympiques de Rio.
Le 12 mai, la mise à l'écart provisoire de la présidente, dans l'attente du jugement final sur sa destitution, avait été adoptée au Sénat avec 55 voix. Aujourd'hui, entre 58 et 60 seraient favorables à sa destitution, selon le chef de cabinet de Michel Temer, Eliseu Padilha.
Si les accusations selon lesquelles la dirigeante de gauche a maquillé les comptes publics en 2014, année de sa réélection, se confirment, son ancien vice-président Michel Temer, gouvernera jusqu'à la présidentielle de 2018.
Mme Rousseff le considère comme un "traître" qui a ourdi un "coup d'Etat" parlementaire.
"La logique veut que les votes en faveur du lancement de la procédure (de destitution) se transforment en voix pour la destitution", a déclaré à l'AFP le sénateur Alvaro Dias, du Parti Vert.
Toutefois M. Temer a une épée de Damoclès sur la tête : l'enquête "Lavage Express" qui a dévoilé un vaste réseau de corruption au sein du géant pétrolier public Petrobras.
Ce scandale a rattrapé le président par interim, accusé d'être impliqué dans le réseau de corruption -ce qu'il nie- et lui a déjà coûté deux ministres. Le parti de Michel Temer, le PMDB (centre droit), est également dans le collimateur du parquet.
"Le scénario le plus probable aujourd'hui est que Temer arrive quand même à confirmer les votes au Sénat car ses ministres sont de grands négociateurs", estime le politologue Michael Mohallem, de la Fondation Getulio Vargas.
- Destitution rejetée, Rousseff revient au pouvoir -
Pour sauver son mandat, Dilma Rousseff devra obtenir au moins 28 voix de sénateurs, sur 81, contre la destitution. Il suffit qu'une poignée de sénateurs changent de position d'ici là.
Mais la dirigeante de gauche est devenue très impopulaire alors que le pays est en pleine récession économique. Ses mesures économiques ont été rejetées par le parlement - le plus conservateur de ces 50 dernières années - depuis sa réélection.
Dans cette conjoncture, où elle est même critiquée par certains secteurs de son parti, le Parti des Travailleurs, il lui sera difficile de recréer les conditions pour pouvoir terminer son mandat.
Là aussi, son avenir est lié à l'enquête Petrobras.
"S'il y a de nouveaux ministres impliqués et que certaines personnalités du PMDB vont en prison, il est possible que Dilma Rousseff revienne car les 54 voix n'auront pas été atteintes au Sénat. Il s'ouvrira alors la possibilité d'une négociation, d'un référendum pour un amendement à la Constitution qui permette d'avancer les élections" présidentielles, explique M. Mohallem.
- Accord politique pour anticiper les élections -
Mme Rousseff cherche désespérément une alternative à sa destitution et a déjà fait savoir que si elle sauvait son mandat elle pourrait proposer un référendum pour savoir si les Brésiliens veulent anticiper la présidentielle de 2018.
"S'il doit y avoir de nouvelles élections, j'y serai toujours favorable. Mais il faut savoir une chose : il n'y aura pas de démocratie tant que mon mandat n'aura pas été restauré", a souligné mardi Dilma Rousseff dans une interview à la presse étrangère.
Selon un sondage publié le 8 juin, 50,3% des Brésiliens sont favorables à des élections anticipées mais le gouvernement par intérim s'est déjà déclaré "contre" n'y voyant aucune "base légale".
"Ce n'est pas pour rien que le gouvernement Temer a essayé d'accélérer le vote au Sénat. Aujourd'hui, on peut garantir le résultat mais personne ne peut dire ce qui va se passer dans un mois", affirme M. Mohallem.
Avec AFP