Face à la contrefaçon et au risque d’appropriation de ce pagne par d’autres pays, les autorités burkinabè ont décidé de protéger des centaines de motifs du pagne popularisé par le leader de la révolution burkinabè Thomas Sankara.
Suite à la rumeur selon laquelle une société asiatique aurait acquis les droits de reproduction du Faso Danfani, le CNPI, le Centre national de la propriété industrielle, a dû s'exprimer: "Nous pouvons rassurer les populations que le Faso Danfani n’a pas fait l’objet d’appropriation", souligne Mahamadi Tassembedo, directeur-général du CNPI.
"Le ministère a un processus de labélisation qui suit son cours et qui va se parachever non seulement par la protection du Faso Danfani mais également la protection des motifs du Faso Danfani tant au niveau de l’espace de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) que dans d’autres pays où il y a le risque de copie, d’imitation ou reproduction de ces motifs de Faso Danfani en tissus industriels".
Du Faso Danfani contrefait est en vente sur le marché. Moustapha Tiendrebeogo, vendeur de Faso Danfani, explique qu'il "se distingue de ces pagnes venus de l’extérieur par le tissage".
"Ceux-là importés, c’est du tissu et le Faso Danfani c’est du fil. C’est un travail à la main et un travail à la machine, ce n’est pas la même chose. De loin on ne peut pas se rendre compte que ces tissus ne sont pas du Faso Danfani, c’est à l’approche qu’on se rend compte. C’est donc trompeur".
Le ministère en charge de l’Artisanat offre régulièrement du matériel aux nombreuses associations de tisseuses.
Célestin Zoungrana, directeur de la coordination et de la promotion à la direction générale au ministère en charge de l’Artisanat, souligne que le gouvernement souhaite "doter les associations du Burkina pour leur permettre de transformer notre coton, d'avoir des ressources financières pour s’occuper de leurs familles et de créer de l’emploi également".
"Le pagne tissé c’est le coton burkinabè, ce sont des artisans du Burkina Faso... Même les métiers à tisser sont faits par nos artisans, nos soudeurs. Tout cela, ça contribue à faire vivre la chaîne des valeurs dans le domaine du tissage. Depuis le paysan jusqu’au consommateur final, c’est la culture burkinabè qui est mise en exergue".
Germaine Compaoré est présidente d’une association de tisseuses de plus de 500 membres depuis une dizaine d’années. Selon elle, les tisseuses vivent de leur travail et la labellisation de ce pagne viendra soulager ces femmes : "Beaucoup de nos membres, c’est avec le travail qu’elles font, qu’elles arrivent à payer la scolarité de leurs enfants. Les femmes jouent un grand rôle dans les ménages. Acheter un Faso Danfani, c’est accompagner une famille quelque part."
Pour elle, la labellisation est "un grand pas" qui va "sauvegarder notre patrimoine, le Faso Danfani".
Le gouvernement dit essayer de stimuler le port du Faso Danfani. En 2017, un arrêté du Premier ministre encourageait les fonctionnaires à le porter.
Le processus de labellisation de ce pagne sera parachevé d’ici fin mai avec le dévoilement du logo du Label Faso Danfani le 30 avril prochain, selon le gouvernement burkinabè.