Cette situation préoccupe le Comité international de la Croix rouge (CICR), même si l’armée dit poursuivre les responsables présumés de violations. Les responsables du ministère de la Défense ont admis des cas de violations des règles de droit international humanitaire dans les conflits contre Boko Haram et en zone anglophone.
"Que ce soit au nord-ouest et au sud-ouest, ou dans la lutte contre Boko haram, lorsqu’ils réussissent à mettre la main sur un militaire c’est la décapitation parce qu’ils ne vont pas toujours le considérer comme un prisonnier de guerre, pour eux c’est un ennemi", explique le colonel Narcisse Pierrot Ndzié, vice-président du tribunal militaire de Yaoundé, lors d’une communication sur la mise en œuvre au Cameroun des conventions de guerres du 12 août 1949.
Conseiller technique du ministre de la Défense, Alain Didier Olinga soutient néanmoins que le Cameroun a renforcé son dispositif répressif contre les violations du droit international humanitaire. "La justice militaire est aussi un peu comme un bataillon judiciaire en termes de traque et de répression sérieuse des personnes qui sont soupçonnées d’avoir commis des actes de terrorisme", constate-t-il. "Autant il y a pu avoir une répression forte des soldats indélicats, autant il y a pu avoir des attitudes quelque peu équivoques vis-à-vis de personnes dont on avait des éléments assez précis sur leur implication dans la commission d’un certain ncertaines infractions."
Mais les parties en conflit ont parfois émis des réserves sur le principe de neutralité du CICR vis-à-vis du respect du droit international humanitaire.
"Qu’il y ait des problèmes c’est normal, mais il faut du coup sans cesse expliquer ce qu'est la neutralité et surtout éviter de faire croire que la neutralité est une distance que nous prenons pour rester des passifs", explique Stéphane Bonamy, chef de la délégation régionale du CICR pour l’Afrique centrale basée au Cameroun. "La neutralité est un principe qui permet au CICR de prendre activement partie envers et pour les populations qui sont vulnérables durant les conflits armés."
Le gouvernement affirme les forces de défense et de sécurité sont en permanence formées au droit international humanitaire. "La chaîne de commandement militaire est sensibilisée au respect des règles d’engagement et des principes gouvernant la guerre", assure Jean de Dieu Momo, ministre délégué à la Justice.
Quant au sujet de la qualification du conflit en zone anglophone, les autorités militaires campent sur leur position. Pour elles, l’armée fait face à un groupe terroriste et non à une tension interne.
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