"C'est un sujet très personnel qui nous concerne tous mais aussi nos familles", a déclaré le Premier ministre Justin Trudeau en soulignant "l'impact significatif (d'une loi) sur la vie quotidienne des Canadiens".
Sans aller jusqu'à l'euthanasie comme aux Pays-Bas, en Belgique ou au Luxembourg et en refusant de parler comme en Suisse de suicide médicalement assisté, le Canada ouvre donc la possibilité pour des adultes de demander à mettre fin à leurs souffrances.
L'aide médicale à mourir sera accessible aux "adultes consentants et responsables, souffrant d'une maladie grave, incurable et irréversible, et dont la mort est raisonnablement prévisible", a précisé la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould.
Le texte va moins loin que les 21 recommandations d'un comité spécial de la Chambre des communes et du Sénat qui proposait d'élargir cette aide médicale à mourir à des mineurs responsables et matures ou à des patients souffrant de troubles psychologiques.
Les conditions vont être particulièrement encadrées pour les malades.
Les personnes soumettant une telle demande devront se prévaloir de "deux témoins indépendants" et obtenir l'accord de deux professionnels de santé pouvant attester qu'il s'agit "d'un choix lucide", a expliqué Mme Wilson-Raybould.
Seuls les Canadiens seront habilités à demander l'aide médicale à mourir.
"Personnellement, je crois nécessaire de fournir davantage de confort aux personnes à l'approche de la fin de leur vie, quelle que soit la forme que cela prenne", a estimé la ministre de la Justice.
Le sujet est tellement sensible que le parti libéral, majoritaire à la Chambre, ne va pas donner de consigne de vote, sauf aux ministres.
Mais le débat doit être rapide car le temps presse. La Cour suprême a donné jusqu'au 6 juin au gouvernement pour adapter le code pénal à la Charte des droits et libertés. L'expérience québécoise nourrira certainement le débat: depuis décembre, l'aide médicale à mourir est autorisée dans la province francophone, ou une vingtaine de personnes ont exercé ce droit les quatre derniers mois.
L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique a déploré que le texte n'aille pas assez loin , "laissant de côté des catégories entières de Canadiens en souffrance qui devraient avoir le droit de choisir une mort assistée dans la dignité".
Avec AFP