La crise fait suite à un bras de fer entre les autorités fédérales et les centrales syndicales sur la suppression des subventions aux carburants.
Ces derniers mois, des commerçants indépendants de produits pétroliers se sont livrés à des actes spéculatifs dans le but d'augmenter le prix de l’or noir, provoquant une pénurie artificielle et plongeant la capitale dans un manque sérieux de carburant.
"Je suis un propriétaire de taxi et je dois sortir pour travailler. Mais imaginez lorsque vous sortez et que vous ne pouvez pas travailler. Je ne travaille pas pour le gouvernement, je travaille pour moi-même. Donc ces longues files d’attente m’affectent", explique Elimana.
"Le gouvernement dit qu’il n’y a pas de crise de carburant, mais pourquoi toutes ces longues files d’attente?", s'interroge pour sa part Emmanuel Okechi, un habitant d’Abuja.
La plupart des stations-service sont fermées tandis que de longues files d'attente persistent dans les points de vente des autoroutes et dans des quartiers de la capitale fédérale.
Tollé autour des subventions
Le gouvernement nigérian avait proposé de supprimer des subventions aux carburants qui, selon les experts, siphonnent chaque année des milliards de dollars des caisses de l’Etat mais qui permettent aux stations-service de vendre de l’essence à bas prix pour les Nigérians.
Contre l'avis du Fonds monétaire international, les autorités fédérales ont renoncé encore une fois à la suppression des subventions sur le carburant un an avant l'élection présidentielle de 2023.
Un sujet qui reste aussi très sensible et donc potentiellement explosif, les Nigérians considèrent l'accès au carburant bon marché comme un des rares privilèges qu'ils tirent de leur puissance pétrolière.
"La crise nous affecte sérieusement. J’ai dépensé plus aujourd’hui que d’habitude. Et puis mon business aussi ne marche pas ces deux jours parce que les gens n’arrivent pas à sortir à cause du manque de carburant. D’habitude je paie 200 Nairas pour venir à mon lieu de travail mais ce matin j’ai payé 300 Nairas", se lamente Victor Ofem, un autre habitant d'Abuja.
L’Agence nationale chargée de la gestion du secteur pétrolier, la NNPC, affirme qu'elle a suffisamment d'essence en stock et appelle les consommateurs à ne pas sombrer dans la panique.