"J'ai reçu une convocation de la gendarmerie. On souhaitait m'entendre suite à ma plainte que j'ai déposée en mon nom et en celui de l'opposition contre le ministre Simon Compaoré", a dit M. Diabré après cinquante minutes d'audition au camp de la gendarmerie, accompagné de son avocat.
La gendarmerie voulait connaître "les circonstances qui m'ont amené à déposer plainte (...), savoir si cette plainte était maintenue et si, surtout, il y avait une attente particulière", a-t-il expliqué, soulignant avoir maintenu sa plainte.
Fin octobre, une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, montrait le ministre Simon Compaoré, vêtu d'un gilet-pare-balles et portant une arme ressemblant à un fusil d'assaut kalachnikov au domicile d'un député de l'opposition, un dissident quittant la formation de M. Diabré.
M. Compaoré tenait à l'égard de Zéphirin Diabré "des propos insinuant son implication dans une supposée agression planifiée contre la famille" de ce député, selon l'opposition.
Le député, Ladji Coulibaly, faisait partie d'un groupe de quinze parlementaires de l'Union pour le progrès et le changement (UPC), le parti de M. Diabré, ayant annoncé leur départ du mouvement et leur volonté de constituer un nouveau groupe parlementaire.
Des militants de l'UPC avaient menacé ces députés et M. Compaoré était venu rassurer ces élus quant à la protection des forces de l'ordre. De nombreux observateurs avaient vu dans cette scission la main du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui aurait ainsi cherché à diviser l'opposition.
"Dans cette vidéo, le ministre Compaoré tient en main une arme, une kalachnikov donc une arme de guerre. Or nous le savons tous, un civil ne doit pas se promener avec des armes de guerre. C'est la première motivation de la plainte", a déclaré M. Diabré.
"La deuxième raison tient au fait que dans les propos qu'il tient ce jour-là, M. Compaoré fait état clairement de menaces à mon endroit en citant nommément mon nom", a-t-il poursuivi, demandant des comptes au président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré.
"C'est le président Kaboré qui lui a confié ce ministère. Quand on confie ces fonctions à des gens qui sont d'une grande légèreté et d'une grande incompétence comme ce monsieur-là, on doit être capable, le moment venu, d'en tirer toutes les conséquences".
Il a ajouté que l'opposition avait demandé que le ministre de l'Intérieur "soit déchargé de ses fonctions".
Avec AFP