Au Bénin l'état du cinéma n'est pas des plus reluisants. Plusieurs facteurs expliquent la situation précaire du septième art. Même si le secteur n'est qu'à un état embryonnaire, cela conserve tout de même son charme.
"C'est aussi un atout d'avoir un cinéma naissant" explique Samson Adjaho, acteur et réalisateur. "Parce que cela permet à tous ceux qui le veulent de s'investir dans du vrai cinéma et, d'ici une dizaine d'années, de faire partie des pionniers".
L'avènement du numérique et la naissance de plusieurs chaînes de télévision ont précipité l'éclosion d'un nombre impressionnant de cinéastes, même si la plupart du temps les créations restent approximatives et ne font pas toujours le poids hors du territoire national.
Claude Balogoun, promoteur de Gangan Production, une agence spécialisée dans la réalisation de documentaires et films, pense que, malgré tout, les productions restent des diamants bruts à tailler.
"Cela ne favorise pas la production des films de création", souligne M. Balogoun, ajoutant, "Nous avons beaucoup plus de films d'école produits par les étudiants sortis de l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel ou des étudiants de l'Université venus en stage à Gangan Production."
L'absence d'une véritable politique étatique serait, entre autres, les raisons qui expliquent l'état du cinéma. Pour le réalisateur Samuel Fagbedji, il n'a a pas assez "de financement adéquat pour nous aider dans nos projets et cela se ressent sur la qualité de nos réalisations qui sont approximatives car nous finançons nos propres productions."
De Clap Ivoire au Fespaco en passant par le festival du film d'Agadir, les jeunes semblent montrer leur volonté à donner un coup d'éclat au secteur cinématographique. Pour le réalisateur Modeste Houngbdji, la précipitation fait partie des raisons qui expliquent l'état du secteur.
"Est ce qu'on fait un film en deux mois?", demande t-il, incrédule. "Il y a des écritures de scénarios qui durent dix ans. On fait ailleurs plusieurs versions de scénarios. Mais au Bénin, l'écriture n'est pas encore au top et on commence par chercher de l'argent pour la réalisation. Voilà pourquoi nous ne sommes pas représentés sur le plan international", estime-t-il.
L'Université qui livre le plus de cinéastes sur le marché se défend sur cette question. Pour l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel, les étudiants apprennent les principes de l'art mais une fois sur le terrain, doivent faire preuve de talents et d'ingéniosité.
"Le cinéma est un art et tout art est fait de principes qui sont enseignés dans une école", rappelle Marcellin Zannou, président fondateur de l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel au Bénin. "Voilà pourquoi nous avons créé l'école pour offrir à la jeunesse la possibilité de se former afin de participer au développement de l'industrie cinématographique", plaide-t-il.
L'autre aspect, véritable boulet pour le cinéma béninois, est l'absence de loi pour réglementer le secteur. Autrement dit, la promulgation du code existant se fait attendre.
"Il n'y a aucune loi qui permette à l'artiste, au cinéaste d'avoir un statut crédible. Nous ne faisons pas encore le combat citoyen et fort qu'il faut pour que cette loi soit promulguée", ajoute-il.
Les salles de cinéma qui existaient ont laissé leur place à tout sauf du cinéma. Pour Cornélia Glèlè, réalisatrice et blogueuse sur le cinéma africain, le secteur au Bénin a toutes ses chances.
" Je sais que le cinéma africain va briller", assure-t-elle.