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Le combat entre les trois "ex" lors de la présidentielle à Madagascar


Le président malgache Hery Rajaonarimampianina, à gauche, et le Premier ministre Christian Ntsay, à droite, assistent à l'annonce du nouveau gouvernement au palais présidentiel d'Iavoloha, à Antananarivo, le 11 juin 2018.
Le président malgache Hery Rajaonarimampianina, à gauche, et le Premier ministre Christian Ntsay, à droite, assistent à l'annonce du nouveau gouvernement au palais présidentiel d'Iavoloha, à Antananarivo, le 11 juin 2018.

Trente-six candidats sont en lice pour le premier tour de la présidentielle à Madagascar mercredi, mais la bataille se joue avant tout entre trois favoris, tous anciens présidents de la Grande Ile.

Ravalomanana, le millionnaire revanchard

Marc Ravalomanana, 68 ans, n'a toujours pas digéré son éviction du pouvoir en 2009 et entend bien prendre cette année sa revanche dans les urnes.

Cet ancien livreur de lait a bâti sa notoriété dans les affaires en créant à partir du yaourt Tiko un empire agroalimentaire.

Le "self-made man", qui fait partie des plus grosses fortunes de Madagascar selon le magazine américain Forbes, a fait une entrée fracassante en politique en décrochant en 1999 la mairie de la capitale.

Deux ans plus tard, il arrache la présidence au sortant Didier Ratsiraka, à l'issue d'une élection contestée dont il force l'issue au prix de violentes manifestations de rue.

En 2006, il est réélu dès le premier tour, après avoir obtenu un effacement de la dette de Madagascar.

Mais pendant que ses partisans vantent son efficacité, ses détracteurs dénoncent sa dérive autoritaire. Des critiques qui virent à l'épreuve de force.

Le 7 février 2009, sa garde présidentielle réprime dans le sang une marche vers le palais présidentiel des partisans du jeune maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina.

Lâché par l'armée, Marc Ravalomanana cède le pouvoir à un directoire militaire, qui finit par le remettre à son rival Rajoelina.

Il est contraint à l'exil jusqu'en 2014.

Interrogé dimanche par l'AFP sur sa réaction si Andry Rajoelina venait à remporter la présidentielle cette année, il a répondu: "J'accepterai ma défaite mais à condition qu'il n'y ait eu ni corruption ni trucage".

Rajoelina, le retour du "TGV"

Surnommé "TGV" pour son côté fonceur, Andry Rajoelina, aujourd'hui âgé de 44 ans, est apparu sur la scène politique en 2007.

Connu pour ses seules activités d'organisateur de soirées en vue dans la capitale, ce qui lui valu d'être aussi baptisé le "disc jockey", le jeune patron de sociétés publicitaires crée la surprise en étant élu cette année là maire d'Antananarivo.

Grâce à un sens aigu de la communication et le soutien de sa radiotélévision Viva, le maire s'impose en quelques semaines comme le meneur de l'opposition au président Ravalomanana.

Ses partisans défient ouvertement le régime dans la rue et finissent, avec le soutien implicite des militaires, par chasser le chef de l'Etat en 2009.

Dans une interview cette année à l'AFP, Andry Rajoelina s'est une nouvelle fois défendu d'être arrivé au pouvoir par un coup d'Etat.

"C'était un soulèvement populaire, a-t-il affirmé. Le seul regret que j'ai, c'est que je n'étais pas préparé pour diriger le pays."

Président non-élu, le quadragénaire élégant au visage poupin peine toutefois à rassembler pour sortir le pays de la crise. Ses adversaires lui reprochent "de fermer les yeux" sur le pillage des ressources naturelles.

Sous la pression de la communauté internationale, il ne se présente pas à la présidentielle de 2013.

Dans son ouvrage "Par Amour de la patrie" paru cette année, il cite parmi ses modèles l'ancien président français Nicolas Sarkozy, l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ou encore le pape François.

Rajaonarimampianina, économiste et poète

Le Président malgache Hery Rajaonarimampianina arrive à la session ordinaire de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) lors du 30ème sommet annuel de l'UA à Addis Abeba le 29 janvier 2018.
Le Président malgache Hery Rajaonarimampianina arrive à la session ordinaire de la Conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) lors du 30ème sommet annuel de l'UA à Addis Abeba le 29 janvier 2018.

Fidèle à sa réserve, Hery Rajaonarimampianina, 60 ans mardi, est le candidat le plus discret des trois favoris.

Lors de son accession au pouvoir après la présidentielle de 2013, cet économiste, expert-comptable de formation et poète à ses heures comptait incarner une nouvelle voie après des années de crise politique.

Sa présidence (2014-2018) n'a cependant pas échappé à l'instabilité. Il a survécu à deux tentatives de destitution et à une fronde populaire qui a fait deux morts.

Avant de diriger Madagascar, il a occupé le poste de ministre des Finances d'Andry Rajoelina (2009-2014).

A ce ministère, il a réussi à gérer tant bien que mal les finances publiques d'un régime privé de l'aide internationale. Il est aussi parvenu à maintenir la stabilité la monnaie nationale.

Mais, selon ses détracteurs, il a également fermé les yeux sur divers trafics - bois de rose et pierres précieuses notamment - dont était accusé l'entourage de M. Rajoelina.

Pour la présidentielle de 2013, ce quasi inconnu du grand public avait profité de l'interdiction faite à MM. Ravalomanana et Rajoelina de se présenter.

Une fois élu, il a surpris en attendant deux mois pour former un gouvernement... après avoir lancé un appel public à candidatures pour pourvoir les ministères.

En poste, il a joué les "VRP" et s'est attelé à faire revenir les bailleurs de fonds, qui sont toutefois restés prudents.

Il a démissionné début septembre pour se conformer à la constitution, afin de briguer un nouveau mandat.

Avec AFP

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