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Le coronavirus met l'économie sud-africaine au bord du précipice


Une dame passe devant un tableau électronique affichant les mouvements des principaux indices, à la Bourse de Johannesburg à Sandton, le 12 février 2015. (Photo: REUTERS/Siphiwe Sibeko)
Une dame passe devant un tableau électronique affichant les mouvements des principaux indices, à la Bourse de Johannesburg à Sandton, le 12 février 2015. (Photo: REUTERS/Siphiwe Sibeko)

Il ne manquait plus que le Covid-19... Déjà malade, l'économie sud-africaine se prépare à de nouvelles difficultés à cause de la pandémie de coronavirus, qui menace deux de ses principales sources de devises, les mines et le tourisme.

Sitôt confirmée l'ampleur de la crise sanitaire mondiale partie de Chine, les clignotants des groupes miniers qui opèrent dans la première puissance industrielle du continent sont tous passés de l'orange au rouge. Et pour cause.

"Les ventes de fer, de manganèse et de chrome représentent en valeur les deux tiers des exportations totales de l'Afrique du Sud vers la Chine", a résumé dans une récente note de Strategy&, une filiale du cabinet d'audit Price Waterhouse Cooper.

Le marché chinois absorbe chaque mois "8,5 à 9 milliards de rands (plus de 450 millions d'euros) de métaux sud-africains, détaille à l'AFP l'économiste Tafadzwa Chibanguza.

"Un recul de la croissance de l'économie chinoise et de la production de métaux réduira la demande de matières premières" sud-africaines, a souligné Strategy&.

De l'avis des analystes, ce scénario a déjà commencé à se réaliser. Le Fonds monétaire international (FMI) estime que le coronavirus va coûter un point de croissance à la Chine cette année (6,1% en 2019) et ralentir d'autant, dans la foulée, l'ensemble de l'économie mondiale.

L'épidémie ne pouvait plus mal tomber pour l'Afrique du Sud, qui a replongé dans la récession au dernier trimestre 2019.

Sur l'ensemble de 2019, son produit intérieur brut (PIB) n'a augmenté que de 0,2%, sa plus faible progression depuis la tempête financière mondiale de 2008.

Le pays est englué depuis plus d'une décennie dans une crise qui se manifeste par une croissance molle, la détérioration des finances publiques, le chômage de masse (29,1%) et, plus récemment, des pannes d'électricité à répétition.

Le déclin du secteur minier, jadis l'un des principaux pourvoyeurs de richesses de l'Afrique du Sud, en est l'un des symptômes. Victime des variations des cours des matières premières et de la hausse des coûts de production, il voit ses effectifs - 450.000 salariés aujourd'hui - fondre chaque année.

'Pertes significatives'

"Si le ralentissement chinois se confirme ou s'aggrave, le secteur minier sud-africain va subir des pertes significatives qui toucheront aussi bien les salariés que les entreprises", a d'ores et déjà averti la firme Trade and Industrial Policy Strategies.

Et comme un malheur n'arrive jamais seul, d'autres pans essentiels de l'économie devraient eux aussi subir de plein fouet l'impact du coronavirus.

A commencer par le tourisme. Selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme, le secteur contribue directement et indirectement à 10% du PIB sud-africain et a rapporté en 2018 au pays 139 milliards de rands (7,5 mds euros).

Les Chinois arrivent ainsi au 7e rang des visiteurs étrangers qui débarquent chaque année dans les villes ou les parcs naturels sud-africains. Ils étaient 97.000 en 2018.

Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact des confinements massifs et des restrictions de déplacement imposés à ses ressortissants par Pékin. Strategy& rappelle que l'épidémie de fièvre porcine de 2009 avait causé un recul de 15% du nombre de touristes chinois en Afrique du Sud.

Un recul équivalent pour cause de nouveau coronavirus se traduirait par une perte équivalent à 11 millions d'euros pour l'industrie touristique locale.

"Notre industrie du tourisme a déjà subi de lourdes pertes", a constaté cette semaine devant la presse la ministre en charge du secteur, Mmamoloko Kubayi-Ngubane. "Sans aucun doute, ces pertes vont encore s'accroître", a-t-elle ajouté.

Pour compléter ce sombre tableau, il faut ajouter l'industrie de la pêche à la liste des victimes potentielles du virus. Notamment celle du homard, vendu à 95% sur le marché chinois.

Depuis que Pékin a suspendu ses importations de crustacés sud-africains, leur prix a dégringolé de 340 à 120 rands (de 18,5 à 6,5 euros) le kilo, mettant en danger toute la filière.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa lui-même a mis plusieurs fois son pays en garde ces derniers jours. Le virus "aura un impact négatif sur une économie qui, nous le savons tous, est déjà dans une situation précaire".

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