"C'est la pire contraction en près de quatre-vingt dix ans", a souligné M. Mboweni en présentant son projet de budget rectificatif pour l'année fiscale en cours aux députés.
L'Afrique du Sud est le pays d'Afrique subsaharienne le plus touché par le Covid-19, avec plus de 106.000 cas et plus de 2.000 décès recensés à ce jour.
Le pic de la pandémie n'y est attendu que dans les semaines qui viennent.
Avant la crise sanitaire, le pays le plus industrialisé du continent était englué depuis plus d'une décennie dans une crise caractérisée par une croissance molle, la détérioration des finances publiques et le chômage de masse.
Son économie est retombée dans la récession au dernier trimestre de l'année dernière.
Sur l'ensemble de 2019, son produit intérieur brut (PIB) n'a augmenté que de 0,2%, sa plus faible progression depuis la tempête financière mondiale de 2008.
Avant l'intervention de M. Mboweni mercredi, les prévisions des institutions financières internationales et de la Banque centrale sud-africaine tablaient sur une récession de l'ordre de 6% environ en 2020. Elles anticipent toutefois toutes sur un rebond dès l'année 2021.
Le président Cyril Ramaphosa a ordonné fin mars un confinement très strict pour enrayer la pandémie, qu'il a progressivement assoupli depuis début mai pour éviter un effondrement de l'économie de son pays.
- Déficits publics -
M. Ramaphosa a lancé un plan de soutien de plus de 24 milliards d'euros pour tenter d'absorber le choc, mais les indicateurs sont tous ou presque passés au rouge.
Au premier trimestre 2020, le taux de chômage a atteint son plus haut niveau historique à 30,1% de la population active, a annoncé le bureau des statistiques.
Plusieurs entreprises, dont la radiotélévision publique SABC, ont annoncé récemment des licenciements.
Selon la Chambre de commerce sud-africaine, le taux de chômage pourrait atteindre 50% à cause de la pandémie.
Seule bonne nouvelle économique issue du confinement, le taux annuel d'inflation en avril est tombé à 3%, son plus bas niveau depuis quinze ans.
Lors de sa présentation mercredi, le ministre des Finances a également averti que la pandémie allait lourdement peser sur la santé financière du pays.
Sa dette publique devrait ainsi chuter de 63,5% à 81,8% du PIB de 2019 à 2020. "Nous avions déjà accumulé beaucoup trop de dette, ce recul va encore en rajouter", a regretté Tito Mboweni, "notre travail d'Hercule sera de tenter de la stabiliser".
Le déficit budgétaire va lui aussi se creuser, notamment en raison d'une hausse des dépenses liées à la lutte contre le Covid-19 qu'il a estimées à 21,5 milliards de rands (1,1 milliard d'euros).
"Une crise de la dette souveraine menace désormais l'économie comme une épée de Damoclès", a jugé l'économiste Raymond Parson, "une révision drastique de la toute la politique fiscale s'impose".
Depuis le début de la crise sanitaire, les trois agences de notation Fitch, Moody's et Standard & Poor's ont toutes dégradé la note financière sud-africaine.