L'essentiel de la production vient d'Asie, plus particulièrement de Chine, qui produit environ 50% des masques chirurgicaux mondiaux, selon l'OMS. Or, confronté à la pandémie, le pouvoir chinois a dans un premier temps décidé de garder les masques pour ses habitants.
"Lorsque les besoins en masques en Chine ont explosé, nos usines de sous-traitants en Chine n'ont plus eu le droit d'exporter", explique David Guiho, du groupe français Delta Plus, spécialiste des équipements de protection.
Lorsque la Chine a recommencé à vendre, la concurrence a été intense entre les pays demandeurs, et des pénuries ont été constatées aussi bien en Egypte qu'en Italie ou en Espagne. En moins de deux mois, la Chine a exporté plus de 21 milliards de masques.
Très chers masques
Les prix se sont envolés. Au Liban, ils sont jusqu'à 25 fois plus chers qu'avant la pandémie, rapporte le syndicat des importateurs d'équipements médicaux. En Afrique du Sud, deux entreprises -Sicuro Safety et Hennox Supplies- ont même été assignées devant le tribunal de la concurrence pour avoir augmenté leurs prix jusqu'à... 1.000%.
En Irak, "avant, un paquet de 50 masques chirurgicaux coûtait entre 2.500 ou 3.000 dinars irakiens, aujourd'hui, il coûte 30.000 dinars, explique Sayyed Ali, pharmacien dans un quartier populaire de Bagdad.
Au Maroc, une vingtaine d'usines produisent plus de 10 millions de masques par jour, selon le ministre de l'Industrie Moulay Hafid Elalamy. Les masques sont proposés dans les commerces de proximité pour l'équivalent de 8 centimes d'euros, subventionnés par un Fonds spécial d'urgence initié par le roi.
En France, le gouvernement a réquisitionné la production d'usines locales, et des industriels se sont également lancés sur ce nouveau segment. Dans le pays, les masques chirurgicaux ne peuvent dépasser 95 centimes l'unité, et 50 centimes en Italie, sur décision des autorités.
En Israël, les masques de type FFP2 - plus protecteurs que les masques chirurgicaux "simples" - après avoir atteint 70 shekels, coûtent aujourd'hui quasiment trois fois moins cher, après une intervention du ministère de l'Economie, et moins d'un dollar l'unité.
Où finissent les masques?
Dans beaucoup de pays, aucune consigne spécifique. Les masques usagés sont jetés avec les ordures ménagères. C'est le cas en Asie orientale et c'est ce qu'ordonnent parfois les autorités, comme en Espagne.
En France, l'éco-organisme Citeo s'est montré plus précis, enjoignant à "jeter mouchoirs, masques et gants dans un sac plastique dédié et résistant" qui doit être ensuite "soigneusement refermé, puis conservé 24 heures avant d'être jeté dans le sac-poubelle, à fermer lui aussi" avant d'être ajouté aux ordures ménagères pour être incinéré. Un protocole qui suppose un usage intensif de sacs plastiques.
Ni poubelle ordinaire, ni tri sophistiqué: dans nombre de pays, les masques finissent à la rue ou dans la nature.
A Hong Kong, l'ONG environnementale Greenpeace dénonçait dès début mars le volume croissant de masques et lingettes jetés dans les parc naturels, tandis que l'association OceansAsia faisait état de masques échouant en masse sur des plages du territoire chinois.
Le contre-coup environnemental est rude: les masques chirurgicaux sont confectionnés principalement à partir de polypropylène, matière très dense, "qui assure leur survie pour longtemps quand ils sont jetés et finissent dans une décharge ou l'océan", s'alarme le centre de réflexion Earth.org.