Ces migrants partis de Libye ont été secourus le 19 janvier. L'Italie a autorisé le navire à s'abriter du mauvais temps le long des côtes siciliennes mais, comme Malte ou la Tunisie, leur refuse de débarquer.
Lundi soir, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sous la pluie devant le parlement à Rome pour réclamer la fin de la politique des "ports fermés" prônée par le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite).
"Il n'est pas normal de traiter des personnes comme des animaux. Il faut gérer l'urgence, et aussi travailler avec les autres pays européens et même au niveau mondial, pour que le problème soit réglé et partagé", a déclaré Maria Pia, une Romaine sexagénaire.
Plusieurs responsables du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), au pouvoir avec la Ligue de M. Salvini, ont estimé que les migrants devaient débarquer en Italie puis prendre le premier avion pour les Pays-Bas, l'Etat dont le Sea-Watch 3 bat pavillon.
Mais le gouvernement néerlandais s'y est refusé lundi, réclamant "une solution structurelle" et expliquant que le navire avait agi "de sa propre initiative".
Le garant italien des mineurs et le parquet des mineurs de Catane (Sicile) ont déjà réclamé il y a plusieurs jours que les 13 adolescents à bord puissent débarquer et être accueillis en Italie.
Lundi, le garant des détenus a dénoncé "la privation de fait de liberté des migrants secourus".
"Les personnes à bord d'un navire entré dans les eaux territoriales italiennes, même s'il bat pavillon étranger, sont sous la juridiction de notre pays", a-t-il rappelé.
Une procédure pour séquestration est déjà en cours contre M. Salvini pour les dix jours que plusieurs dizaines de migrants ont dû passer en août sur le Diciotti, le navire des garde-côtes italiens qui les avait secourus.
Lundi, le M5S a annoncé qu'à la demande de M. Salvini, ses parlementaires ne s'opposeraient pas à la tenue d'un procès.
M. Salvini envisage des poursuites pour aide à l'immigration clandestine contre l'équipage du Sea-Watch 3.
Au début du mois, 32 migrants secourus par le Sea-Watch 3 étaient restés bloqués plus de deux semaines avant de débarquer à Malte grâce à un accord de répartition avec huit autres pays européens.
"Comment est-ce possible que 47 personnes représentent une telle menace pour l'Union européenne dans son ensemble ? Sauver les vies doit être la priorité de tous les gouvernements", a réaffirmé lundi Francesco Rocca, président de la fédération internationale de la Croix-Rouge.
Le gouvernement italien a réitéré lundi que Rome "estimait que la juridiction, dans ce cas spécifique, appartient aux Pays-Bas car le navire ayant effectué le sauvetage dans les eaux internationales bat pavillon de ce pays".
Cette affaire a été dénoncée par le commandant de Sea-Watch à la Cour européenne des droits de l'Homme et Rome affirme que "ce n'est pas l'Italie à devoir répondre" devant cette juridiction mais à La Haye.
Le gouvernement reproche au commandant de ne pas avoir cherché, alors que la météo empirait, "refuge sur la côte tunisienne, distante de 40 milles environ et universellement considérée comme un port sûr".
"Dans tous les cas de figure l'Italie reste disponible, à partir de tout de suite et une fois reconnue la juridiction néerlandaise (sur le navire) à offrir un couloir humanitaire afin de permettre un transfert des migrants vers les Pays-Bas", assure le gouvernement italien.
Avec AFP