Dénonçant depuis des mois le colossal déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine et les pratiques commerciales "déloyales" de Pékin, Donald Trump a missionné Steven Mnuchin pour mener les tractations et tenter de parvenir à un compromis.
Le secrétaire au Trésor sera accompagné du secrétaire au Commerce Wilbur Ross, du représentant au Commerce (USTR) Robert Lighthizer et du conseiller économique en chef de la Maison Blanche Larry Kudlow.
"La liste des choses qui posent problème est très longue", a reconnu mardi Robert Lighthizer avant son envol pour Pékin. "C'est un grand, grand défi", a-t-il ajouté.
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"Je ne veux pas prédire ce qu'il va ou ne va pas se passer. Nous y allons pour avoir de franches discussions", avait affirmé Steven Mnuchin sur la chaîne Fox Business News lundi, affichant "un optimisme prudent".
Le président américain, qui réclame une réduction de 100 milliards de dollars du déficit dans les échanges avec Pékin (375 milliards de dollars en 2017), entend obtenir du géant asiatique une plus grande ouverture de son marché aux produits américains.
Les Etats-Unis veulent en outre renforcer la protection des droits de propriété intellectuelle et empêcher les joint-ventures "forcées", pratiques destinées à transférer le savoir-faire et les technologies américaines, également dénoncées par les Européens.
"Le président Trump a clairement exprimé son point de vue, il est temps d'agir. Notre déficit commercial est trop important, trop permanent, trop chronique", a déclaré mardi Wilbur Ross sur la chaîne CNBC.
Frappée depuis fin mars de droits de douanes américains de 25% sur ses exportations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, la Chine est également sous la menace, qui pourrait se concrétiser dès le 22 mai selon l'USTR, de taxes sur quelque 50 milliards de dollars de produits exportés vers les Etats-Unis.
"Epineux"
Selon Wilbur Ross, la Chine a plus à perdre que les Etats-Unis. "Nous sommes ceux qui subissons le déficit (commercial), ce qui signifie que, in fine, ils ont plus à perdre que nous", a-t-il estimé, sur CNBC.
Il a toutefois nuancé ses propos en soulignant que les Etats-Unis n'avaient pas vocation à "se suicider".
"Nous ne voulons pas les voir mourir, ni nous-mêmes mourir", a-t-il dit, alors que les deux premières puissances économiques sont particulièrement interdépendantes.
Peu de choses ont filtré sur le programme des hauts responsables américains en Chine. Wilbur Ross a simplement indiqué que les émissaires américains devaient rencontrer jeudi et vendredi ses homologues chinois et que la durée totale du voyage dépendrait des progrès éventuels dans les négociations.
"Je ne ferais pas ce voyage si je ne pensais pas qu'il y avait bon espoir" d'avancer, a-t-il également déclaré.
De son côté, l'agence étatique Chine nouvelle a précisé mercredi que le vice-Premier ministre Liu He aurait des entretiens sur les questions commerciales avec la délégation. Très proche du président Xi Jinping, M. Liu est en charge de piloter la politique économique du géant asiatique.
Pour Robert Lighthizer, "la propriété intellectuelle est le point le plus épineux" qu'il faut mettre en regard du Plan 2025 de la Chine.
"Cette politique ambitionne d'avoir des champions nationaux dans le monde" entier, a-t-il insisté. C'est ce qui s'est passé avec l'acier, l'aluminium, les semi-conducteurs: maintenant ils veulent le faire dans tous les domaines", a-t-il ajouté.
Pékin a pris acte "favorablement" du voyage des hauts responsables américains alors que Xi Jinping a affirmé le 9 avril que la Chine allait "entrer dans une nouvelle phase d'ouverture".
"La Chine ne cherche pas l'excédent commercial ! Nous espérons sincèrement muscler nos importations", avait-il martelé. Le président chinois s'était en outre engagé à réduire "considérablement" cette année les tarifs chinois sur les importations d'automobiles et "d'autres produits".
Après avoir loué ces "paroles aimables", Donald Trump a estimé qu'il y avait "une très bonne chance de trouver un accord" avec la Chine, même si "pour l'instant, elle n'est pas ouverte".
"Ils font du commerce avec nous, mais nous n'en faisons pas avec eux", avait-il déploré.
Avec AFP