Les sondages ont longtemps régné en maîtres dans l'analyse du paysage politique. Leur hégémonie semble toutefois progressivement remise en cause, notamment aux États-Unis. Le pays voit émerger à chaque échéance électorale un nouvel acteur dans le domaine de la prédiction.
La présidentielle de novembre 2024 n’y échappe pas, avec l’explosion de "Polymarket". Cette plateforme permettant de parier sur l’issue de tous les événements possibles se distingue par la justesse de ses prédictions au cours des derniers mois, qu'il s'agisse de l’abandon de Joe Biden ou du choix de J. D. Vance comme colistier de Donald Trump.
De quoi faire grimper les montants échangés sur le site à 387 millions de dollars en juillet, contre 110 millions seulement le mois précédent, selon The Block, média dédié à l'actualité des cryptomonnaies. Ces chiffres ont atteint un nouveau record de 390 millions de dollars pour le mois en cours.
Le public au cœur de la prédiction
Contrairement aux sites de paris traditionnels, Polymarket, fondée en 2020, fonctionne comme une bourse où l'offre et la demande déterminent le cours des actions liées aux résultats des événements faisant l'objet des paris. Selon que ces derniers soient bons ou mauvais, l'action du parieur aura ou non de la valeur à l’échéance de l’événement concerné.
Il s’agit d’une agrégation des prédictions de l'ensemble des utilisateurs à travers les échanges de la plateforme. La technologie de la blockchain utilisée dans le domaine des monnaies virtuelles est mise à contribution pour garantir le stockage et la transmission d’informations de façon transparente, sécurisée et décentralisée.
En offrant la possibilité de miser de l'argent sur différents résultats d’événements via des "jetons" aux prix variables selon l’étendue des possibilités, les plateformes à l’instar de Polymarket impliquent davantage le public dans la prévision. Elles se différencient ainsi des sondages à travers leur méthodologie, leur incitation et leur dynamisme.
Un changement de paradigme
Mais au-delà de ce potentiel prédictif accentué par le scrutin présidentiel américain, c'est un changement de paradigme qui s'opère. L’industrie de la prédiction se présente comme un régulateur participatif de l'opinion. Elle est susceptible de bousculer les codes et de se positionner comme une nouvelle façon de façonner le débat public.
À tel point que les médias grand public comme le Wall Street Journal ou encore le New York Times y font de plus en plus référence dans leur présentation du pouls de l’opinion. Cependant, la popularité croissante de ces outils s’accompagne d’un certain nombre de défis qui interrogent sur leur avenir aux États-Unis.
L’agence fédérale chargée de la régulation des bourses de commerce envisage d’interdire les paris sur les élections dans le pays afin de prévenir les risques de manipulation.
"L’enjeu financier des élections américaines est énorme. L'intégrité du scrutin et le processus démocratique doivent être protégés", a déclaré son président, Rostin Behnam, en mai dernier.
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