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Le mariage homosexuel légalisé partout aux Etats-Unis


Des partisans du mariage homosexuel, Washington, 26 juin 2015
Des partisans du mariage homosexuel, Washington, 26 juin 2015

Dans une décision qualifiée de toutes parts d'historique, la Cour suprême des Etats-Unis a légalisé vendredi le mariage homosexuel partout dans le pays

La nouvelle a été accueillie dans une explosion de joie sur les marches du temple de la justice américaine. Partout, les drapeaux gays étaient agités et les comptes Twitter et Facebook de la Maison Blanche arboraient les couleurs arc-en-ciel.

"L'Histoire a été écrite, et vous en faites partie!", s'est félicitée la puissante Union américaine de défense des libertés (ACLU). "Ce moment a pris des décennies, c'est un jour incroyable pour la liberté et pour l'Amérique".

Le président Barack Obama s'est immédiatement réjoui de cette "grande étape dans notre marche vers l'égalité". "C'est une victoire pour l'Amérique", a-t-il déclaré depuis les jardins de la Maison Blanche. "C'est une victoire pour les alliés, les amis et les soutiens (du mariage gay) qui ont passé des années, voire des décennies, à travailler et prier pour que le changement intervienne".

"Nous ne pourrions pas être plus fiers", a renchéri le vice-président Joe Biden, qui a toujours plaidé pour la légalisation du mariage gay sur tout le territoire américain.

Seulement deux ans après avoir décrété que le mariage n'était pas réservé aux couples hétérosexuels, la haute Cour a jugé que les 14 Etats américains (sur 50) qui refusent aujourd'hui d'unir deux personnes de même sexe devaient non seulement les marier mais en plus reconnaître leur mariage lorsqu'il a été célébré ailleurs.

Au nom de l'égalité de tous devant la loi, "le 14e Amendement requiert d'un Etat qu'il célèbre un mariage entre deux personnes de même sexe", a écrit le juge Anthony Kennedy, s'exprimant au nom de la majorité de la Cour suprême.

"Le droit au mariage est fondamental", a jugé la haute Cour, qui était saisie par seize homosexuels de quatre Etats interdisant leur mariage. "Les décisions sur le mariage font partie des plus intimes qu'un individu puisse prendre. Et c'est vrai de toutes les personnes quelle que soit leur orientation sexuelle", a ajouté le juge Kennedy.

La majorité de la haute Cour a en outre réaffirmé que les couples homosexuels avaient les mêmes droits que les couples hétérosexuels de "satisfaire une association intime" et estimé que les Etats qui interdisent le mariage homosexuel "font du tort et humilient les enfants des couples de même sexe".

Attendu pour être l'arbitre suprême dans cette décision, le juge conservateur, qu'on savait fervent défenseur des droits des gays, a ajouté son vote à celui des quatre juges progressistes pour permettre aux homosexuels de se marier aux quatre coins des Etats-Unis.

"La Cour a considéré la Constitution comme une chose vivante et noté que la société américaine était parvenue à une profonde reconnaissance de l'identité et de la dignité des gays, lesbiennes et bisexuels", a commenté à l'AFP le professeur David Cruz.

Le président de la haute Cour, John Roberts, s'y est opposé, ainsi que les trois autres juges conservateurs. Ils estiment que "cette Cour n'est pas une législature". "Que le mariage homosexuel soit une bonne idée ne devrait pas nous concerner" mais est du ressort de la loi, a écrit le juge Roberts.

Connu pour ses formules imagées, le juge ultra-conservateur Antonin Scalia a parlé de son côté de "putsch judiciaire" qui "vole au peuple la liberté de se gouverner lui-même".

"Aucune Cour ne peut renverser la loi de la nature", a abondé l'organisation Family Research Council (FRC), qui voit là "un abus de pouvoir" et prévoit de "gros dégâts pour l'héritage" que laissera cette décision.

"Cinq juges suprêmes renversent le vote de 50 millions d'Américains et exigent que l'Amérique s'écarte de millénaires d'histoire et de la réalité de la nature humaine", ajoute Tony Perkins, président de l'organisation.

Le parti républicain a pour sa part fustigé une infraction au sacro-saint fédéralisme, la Cour suprême refusant de reconnaître le rôle constitutionnel des Etats fédérés s'agissant des lois du mariage.

Sur les marches de la Cour suprême, quelques mécontents dénoncent le jugement. "Si vous voulez changer la loi en fonction de la Constitution, vous devez avoir l'accord du peuple et non pas d'un groupe de gens", a déclaré Chauncey Killens, venu de Californie pour dire "non" au mariage gay. "Nous avons franchi une frontière aujourd'hui, nous avons commis un péché légal", a renchéri Christine Weick, venue du Michigan, un des quatre directement concernés par la décision.

Avec AFP

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