Le Maroc a convoqué samedi l'ambassadeur espagnol à Rabat pour exprimer son "exaspération" suite à l'hospitalisation en Espagne du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, a appris l'AFP de source officielle.
Le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita a convoqué l'ambassadeur espagnol pour exprimer "une incompréhension et une exaspération" et "demander des explications", après l’accueil en Espagne du secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, a indiqué la même source.
Le ministère espagnol des Affaires Etrangères avait souligné jeudi que le chef du Polisario avait été "transféré en Espagne pour des raisons strictement humanitaires afin de recevoir des soins médicaux".
M. Ghali, était soigné et se rétablissait après avoir contracté le Covid-19, avait précisé, le même jour, les indépendantistes sahraouis.
Vendredi, la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez Laya, a affirmé que les relations avec le Maroc ne seraient pas affectées par l'accueil du leader des indépendantistes sahraouis.
"Cela n'empêche pas et ne perturbe pas les excellentes relations que l'Espagne a avec le Maroc", avait-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse.
Par ailleurs, trois sahraouis -- ayant vécu dans les camps de réfugiés de Tindouf, en Algérie qui accusent Brahim Ghali de "violation de droits humains" et "tortures" -- ont appelé samedi les autorités espagnoles à le traduire en justice, dans une vidéo relayée par des médias marocains.
L'une des trois sahraouis a rappelé qu'elle avait déjà déposé une plainte contre le chef du Polisario en Espagne.
Le Sahara occidental, classée "territoire non autonome" par les Nations unies en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis 45 ans le Maroc au Front Polisario, soutenu par l'Algérie.
Après presque 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités entre Polisario et le Maroc ont repris mi-novembre après le déploiement de troupes marocaines à l'extrême sud du Sahara occidental pour déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route vers l'Afrique de l'Ouest.
Les négociations quadripartites impliquant le Maroc, le Polisario, l'Algérie et la Mauritanie sont au point mort depuis la démission du dernier émissaire de l'ONU Horst Kohler en mai 2019.
Le Maroc veut une "autonomie sous contrôle" du territoire. Tandis que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination.
Dans sa dernière résolution publiée en octobre 2020, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé les parties prenantes à la reprise des négociations "en vue de parvenir à une solution politique juste" pour "l'autodétermination du peuple du Sahara occidental".