Selon plusieurs journaux marocains, le gouvernement va adopter "prochainement" une loi relative à la "réforme du système de l'éducation", visant notamment à "mettre fin à la gratuité de l'enseignement public supérieur".
Interrogé par l'AFP, un haut responsable du ministère de l'Education ayant requis l'anonymat a indiqué que des "frais d'inscription seront instaurés dans certaines branches de l'enseignement supérieur public", assurant toutefois que "l'enseignement primaire et secondaire ne sont pas concernés".
Les universités marocaines ont vu leur effectif passer de 780.000 étudiants l'an passé à quelque 900.000 étudiants cette année, dont plusieurs milliers d'étudiants ouest-africains.
Le Conseil supérieur de l'éducation, un organisme consultatif officiel, avait suggéré en novembre 2016 que "les familles aisées s'acquittent de frais d'inscription", à partir du lycée et jusqu'à l'université.
"La gratuité n'est pas en jeu, ce sont des frais d'inscription pour faire en sorte que les riches arrêtent de profiter du système", avait alors expliqué à l'AFP l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur Lahcen Daoudi.
Cette proposition avait déclenché une levée de boucliers dans ce pays où les défaillances du système éducatif sont constamment pointées du doigt: classes surchargées, fermetures en cascade d'écoles, manque de professeurs, abandon scolaire...
L'Etat met pourtant les moyens, avec 25% de son budget consacré à l'enseignement.
Mais les résultats ne sont pas à la hauteur des investissements: le Maroc fait partie des 25 pays les moins avancés en termes de scolarisation, selon l'Unesco, accusant un taux d'analphabétisme d'environ 30%.
Les enfants des familles aisées vont dans le privé ou dans les écoles du système français, espagnol ou américain, tandis que des dizaines d'écoles publiques sont fermées chaque année, parfois pour laisser place à des projets immobiliers.
L'ancien ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad avait pris en avril dernier les commandes du ministère de l'Education et de l'Enseignement supérieur, multipliant les mesures chocs pour redresser le secteur.
Mais il a été relevé de ses fonctions en octobre dernier, avec d'autres responsables ministériels pour des "dysfonctionnements" liés à la mise en œuvre d'un programme de développement dans le nord du pays.
Avec AFP