En signant au Barça en août dernier pour 105 millions d'euros plus 42 millions de bonus, Dembélé a changé de dimension: après Rennes, son club formateur, après Dortmund, son révélateur, le jeune Français espérait prendre son envol en Catalogne.
Mais à seulement 20 ans, pas facile d'assumer ce nouveau statut pour le deuxième footballeur le plus cher du football espagnol derrière son nouveau coéquipier Philippe Coutinho (160 millions d'euros bonus compris).
Pas facile non plus de remplacer l'attaquant brésilien Neymar, parti au Paris SG, laissant son maillot floqué du N.11 à "Dembouz".
Le jour de la présentation du Français, le Camp Nou avait hué la direction du club, alors ébranlée par la perte de "Ney". Et l'image d'un Dembélé timoré ratant ses premières jongles sur la pelouse du stade avait fait les délices des réseaux sociaux...
La suite n'a pas arrangé les choses: dès son troisième match, le 16 septembre à Getafe (2-1), Dembélé s'est blessé en tentant une talonnade, avec à la clé trois mois et demi d'absence. Et juste après sa reprise en janvier, une rechute l'a encore éloigné des terrains un mois...
A ce stade de la saison, le bilan du jeune international français est famélique: 11 matches officiels joués seulement, quatre passes décisives et aucun but. Surtout, comme plombé par la pression, Dembélé a multiplié les mauvais choix, les dribbles ratés et les prestations brouillonnes...
"C'est vrai qu'à certains moments, il doit prendre de meilleures décisions, mais bon, il n'a que 20 ans", l'a défendu son entraîneur Ernesto Valverde.
Celui que son compatriote Samuel Umtiti a rebaptisé "Moustique" était loué à son arrivée pour sa timidité et son intégration discrète dans le vestiaire.
Mais ce profil bas semble s'être retourné contre le Français: les médias catalans s'interrogent désormais sur ses maigres progrès en langue et son mode de vie.
"Je le vois de plus en plus à l'aise, malgré le handicap de découvrir un nouveau vestiaire, une nouvelle langue, de nouveaux partenaires. Au final, je pense qu'il va s'adapter", a souligné mardi Sergio Busquets, l'un des quatre capitaines barcelonais.
Fin février, l'excursion de Dembélé à Marrakech, au Maroc, a néanmoins étonné en Espagne, d'autant que le Barça se préparait cette semaine-là à un long et éreintant déplacement à Las Palmas (1-1), aux Canaries.
La question de son hygiène de vie s'est aussi posée au niveau de son alimentation, même si Valverde a dédramatisé cette question diététique.
"Dembélé et beaucoup d'autres joueurs recrutent des personnes de confiance, des nutritionnistes qui les aident", a souligné le technicien.
Depuis un mois, Dembélé enchaîne enfin les matches et sa prestation samedi à Malaga (2-0) a été la plus probante depuis son arrivée.
"On voit qu'il a quelque chose de plus que les autres joueurs. C'est un pas de plus dans la bonne direction", s'est réjoui mardi Valverde.
Le technicien répète que le Français apporte un profil différent à son effectif: celui d'un dribbleur ambidextre, ailier pur capable d'étirer les défenses sur la largeur.
Mercredi au Camp Nou, Dembélé entame un véritable contre-la-montre en vue du Mondial-2018 (14 juin-15 juillet), qu'il espère disputer avec les Bleus: il a grand besoin d'une prestation marquante à la veille de la liste du sélectionneur Didier Deschamps pour les matches amicaux programmés fin mars.
Le Barça aussi a bien besoin d'un sursaut de sa recrue: en Ligue des champions, Coutinho n'est pas qualifié et le capitaine Andrés Iniesta, qui a repris l'entraînement lundi, est incertain.
Les Catalans, en quête d'un onzième quart de finale de C1 consécutif, doivent en outre se méfier de cette équipe de Chelsea, dont l'attaquant Willian avait trouvé deux fois les poteaux à l'aller (1-1).
Le "moustique" Dembélé sait ce qui lui reste à faire: redevenir cet attaquant vibrionnant et irrésistible, et piquer à nouveau. "Nous avons confiance en lui et en ses qualités", a prévenu Busquets.
Avec AFP