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Le mouvement de Navalny assure poursuivre la lutte malgré son démantèlement


Un ouvrier peint sur un graffiti d'Alexei Navalny, critique du Kremlin, à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2021. L'inscription se lit comme suit : "Le héros des temps nouveaux".
Un ouvrier peint sur un graffiti d'Alexei Navalny, critique du Kremlin, à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2021. L'inscription se lit comme suit : "Le héros des temps nouveaux".

Le mouvement de l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a promis jeudi de poursuivre son combat, au lendemain de son démantèlement et de son interdiction en Russie pour extrémisme, une décision dénoncée en Occident.

Moscou a répliqué aux critiques américaines en accusant le détracteur numéro un de Vladimir Poutine d'être un "agent" de Washington.


"Nous continuons de combattre la corruption", a tweeté le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), principale organisation d'Alexeï Navalny, ironisant sur le "danger public" qu'il constitue aux yeux de la justice russe.


La veille, dans un message sur Instagram, l'opposant âgé de 45 ans avait appelé ses partisans à continuer le travail: "on se débrouillera, on évoluera, on s'adaptera. Mais on ne reculera pas devant nos objectifs et nos idées".


A l'issue d'un procès de 12 heures, tenu à huis clos, un tribunal de Moscou a classé tard le soir mercredi comme "extrémistes" les trois organisations de M. Navalny, dont son important réseau régional, entraînant leur interdiction.


Cette mesure ouvre la voie à de graves poursuites judiciaires contre les collaborateurs de ces structures qui continueraient le travail. Au terme d'une nouvelle loi, ils seront également bannis des élections, notamment des législatives de septembre.

"Coup dur"

Depuis des mois, l'opposition russe était déjà sous une pression accrue, marquée par l'envoi d'Alexeï Navalny en colonie pénitentiaire pour deux ans et demi, l'exil de plusieurs cadres de son mouvement, mais aussi des mesures ciblant la presse indépendante et d'autres voix critiques.


En outre, la bête noire du Kremlin a survécu en août 2020 à un empoisonnement dont il accuse Vladimir Poutine. La Russie rejette l'accusation et a refusé d'enquêter, en dépit d'un faisceau d'indices impliquant les services secrets.


Lors de ce procès pour "extrémisme", les avocats défendant les organisations de l'opposant ont affirmé qu'"aucune preuve" n'avait été apportée, tandis qu'un représentant du parquet, à l'origine des poursuites, a assuré que ces structures incitaient "à la haine et à l'hostilité envers les représentants du pouvoir."


Pour le politologue indépendant Valeri Soloveï, cette interdiction est un "coup dur" contre les critiques du Kremlin, prédisant toutefois l'apparition d'une "nouvelle opposition" malgré la liquidation du mouvement de M. Navalny, son emprisonnement et la fuite de ses alliés, car "la nature a horreur du vide".


"De nouveaux leaders apparaîtront assez vite dès la prochaine grande vague de protestation, sans doute plus au niveau régional que national", a affirmé M. Soloveï à l'AFP.

Offensive "délibérée"

D'une même voix, Washington, Londres et l'Union européenne se sont insurgés contre la liquidation des organisations de M. Navalny.


Dans un communiqué, la diplomatie européenne a dénoncé la "volonté délibérée" du Kremlin "de supprimer l'opposition indépendante" et de "mettre fin à l'influence du réseau politique de M. Navalny" avant les législatives de septembre.


Les collaborateurs de formations jugées "extrémistes" sont privés de participation aux élections depuis une loi promulguée la semaine dernière.


Pour l'opposition, ce texte vise à neutraliser les candidats dangereux pour le pouvoir avant les législatives, alors que Russie Unie, le parti du pouvoir, est impopulaire.


Un allié de M. Navalny, Leonid Volkov, en exil en Lituanie, a appelé à poursuivre la stratégie du "Vote intelligent" qui consiste à voter pour tous les candidats pouvant battre Russie Unie, quelle que soit leur couleur politique.


Le porte-parole de la diplomatie américaine a condamné comme "particulièrement inquiétante" la décision d'interdire le mouvement de M. Navalny, tandis que le ministre britannique des Affaires étrangères a regretté une "nouvelle attaque kafkaïenne contre ceux qui se dressent contre la corruption".


En réaction, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a jugé que la vitesse avec laquelle Washington a condamné cette décision démontre qu'Alexeï Navalny est leur "agent". "Ils font preuve d'un tel zèle politique car on a touché à ceux qu'ils supervisent", s'est-elle offusquée sur une radio publique.


L'affaire Navalny fait partie de la longue liste de différends entre les deux rivaux géopolitiques alors que le président américain Joe Biden doit rencontrer la semaine prochaine son homologue Vladimir Poutine en Suisse.

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