"Expulsé du Mozambique et interdit pour 10 ans", a annoncé sur twitter Tom Bowker, illustrant son propos d'une photo de la zone d'embarquement de l'aéroport de Maputo. "Une décision à motivation politique, sans fondement juridique", a-t-il accusé.
Un porte-parole de l'immigration mozambicaine, Celestino Matsinhe, a confirmé à l'AFP l'expulsion qui, selon lui, a été ordonnée par le ministre de l'Intérieur.
Tom Bowker, co-fondateur du site d'information anglophone mozambicain Zitamar News, s'était vu retirer son accréditation locale par les autorités mozambicaines le 29 janvier, une mesure qu'il avait alors dénoncée comme "politiquement motivée".
Selon le gouvernement mozambicain, M. Bowker, ancien correspondant de l'agence Bloomberg dans le pays, n'a pas été en mesure de prouver l'"existence légale" de Zitamar News, rédigé entre Londres et Maputo.
Zitamar, fondé après le départ de Bowker de Bloomberg en 2015, fournissait des nouvelles quotidiennes ainsi que des analyses sur le Mozambique, travaillant en particulier sur les industries minière et pétrolière.
Son réseau de journalistes a publié plusieurs articles sur l'insurrection jihadiste qui mène une sanglante offensive dans la lointaine province de Cabo Delgado, où des compagnies pétrolières -dont le français Total- ont investi des milliards de dollars dans des projets d'exploration gazière offshore.
L'accès des médias à cette région est de facto très limité. Plusieurs journalistes locaux y ont été arrêtés depuis le début des troubles en 2017.
La décision de révoquer l'accréditation de M. Bowker ne faisait cependant pas mention de la couverture de l'insurrection par Zitamar, citant seulement de supposées divergences juridiques entre le statut et l'activité du site d'informations.
"C'est triste que cela se termine ainsi", a commenté sur twitter Zenaida Machado, chercheuse pour l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), y voyant une "autre décision embarrassante du gouvernement du Mozambique et un signe que le pays devient un environnement hostile aux journalistes étrangers".