La visite du pape dans l'ex-colonie portugaise à majorité chrétienne, dans le sud-est de l'Afrique, intervient en effet un mois après la signature d'un traité de paix historique entre le gouvernement de Maputo et la Renamo, ancienne rébellion devenue le principal parti d'opposition au Mozambique. Une guerre civile avait pris fin voici 27 ans, mais la Renamo n'avait jamais désarmé.
Dans un message vidéo en portugais destiné aux Mozambicains, le chef des 1,3 milliard de catholiques de la planète, figure morale internationale, a déjà appelé à renforcer "la réconciliation fraternelle au Mozambique et en Afrique, seule espérance pour une paix solide et durable".
Il débute jeudi sa journée par une rencontre privée avec le président Filipe Nyusi, qui souhaite briguer un deuxième mandat lors d'une élection prévue le 15 octobre. Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés voici un an au Vatican.
Filipe Nyusi était revenu début juillet pour une visite cette fois en Italie, prenant le temps de venir saluer les dirigeants de la Communauté Sant'Egidio qui avaient hébergé à Rome des négociations ayant conduit à la paix dans le pays en 1992.
"C'est la maison de la paix et du Mozambique", avait-il loué, à propos de cette communauté catholique laïque italienne influente, souvent impliquée dans des médiations informelles de paix en Afrique. Elle s'occupe aussi depuis 2002 au Mozambique d'un programme d'aide aux malades du sida et aux séropositifs, dont un dispensaire sera montré vendredi au pape.
Le pape ne se rendra pas pour des questions logistiques à Beira (centre), la deuxième ville du pays balayée en mars par le cyclone Idai, qui a fait 600 morts et des centaines de milliers de sans-abri. Six mois après, nombre de sinistrés manquent d'un toit et de nourriture.
"Même si je ne peux pas aller au-delà de la capitale, mon coeur vous rejoint et vous embrasse tous, avec une place spéciale pour ceux qui vivent dans la difficulté", leur a-t-il dit, en amont du voyage.
- Rencontre avec les jeunes -
En se rendant dans l'une des régions les plus déshéritées de la planète, frappée par les catastrophes sanitaires, le chômage et les inégalités sociales, Jorge Bergoglio, qui a côtoyé les bidonvilles d'Argentine, entend afficher sa proximité. Tout particulièrement avec les jeunes du pays, de toutes confessions, qu'il rencontrera en fin de matinée.
François pourrait aussi s'exprimer sur l'urgence climatique, un thème au coeur de l'actualité pour le souverain pontife qui organise en octobre une réunion mondiale d'évêques à Rome consacrée à l'Amazonie, vitale pour la planète et malmenée par les incendies.
Selon la Banque mondiale, le Mozambique, avec ses plus de 2.000 km de côtes le long de l'océan Indien, figure dans la liste des dix pays de la planète les plus menacés par les conséquences du changement climatique.
Le "pape des pauvres", qui effectue du 4 au 10 septembre son deuxième voyage pontifical en Afrique subsaharienne, se rendra aussi à Madagascar où la déforestation commence à être préoccupante, et terminera sa visite par la petite île touristique plus opulente de Maurice également dans l'océan Indien.
Pour marquer la venue exceptionnelle du pape au Mozambique, le gouvernement a consacré environ 300.000 euros aux préparatifs, une somme qui a permis de remettre en état la cathédrale de Maputo et des rues de la capitale. Le stade Zimpeto, où François doit célébrer une messe vendredi, est fin prêt.
Arrivé mercredi soir à Maputo, la plus grande ville du pays (1,1 million d'habitants) située sur l'océan Indien, le pape a été accueilli par des danses traditionnelles à l'aéroport et salué par des milliers d'habitants venus l'apercevoir sur sa papamobile en chantant "Vive notre pape François".
"C'est un moment très spécial pour nous", a expliqué Catarina Simbine, Mozambicaine de 29 ans. "J'espère que cette visite nous apportera une vraie paix", a confié un étudiant de 25 ans, Arnaldo Menezes.
Avec AFP