Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Le Parlement canadien reconnaît un "génocide" contre les Ouïghours, la Chine proteste


Un drapeau national chinois flotte près d'un minaret de l'ancienne mosquée Id Kah dans la vieille ville de Kashgar, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, en Chine, le 6 septembre 2018. Photo prise le 6 septembre 2018.
Un drapeau national chinois flotte près d'un minaret de l'ancienne mosquée Id Kah dans la vieille ville de Kashgar, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, en Chine, le 6 septembre 2018. Photo prise le 6 septembre 2018.

Les députés canadiens ont adopté lundi une motion non contraignante assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure à "un génocide", provoquant la colère de Pékin qui l'a qualifiée de "provocation malveillante".

La motion, déposée à l'initiative des conservateurs (opposition), a été adoptée à la Chambre des communes par 266 voix sur 338. Elle appelle également le gouvernement de Justin Trudeau à se ranger à cet avis. Les autres députés, notamment les ministres du gouvernement libéral de Justin Trudeau, se sont abstenus.

Cette motion reconnaît que "les Ouïghours en Chine ont été et sont soumis à un génocide".

L'ambassade de Chine au Canada a rejeté dans un communiqué cette motion, "un acte honteux", qualifiant les députés canadiens d'"hypocrites et éhontés" pour avoir eu recours "à l'excuse des droits de l'Homme pour s'engager dans une manipulation politique au Xinjiang afin d'interférer dans les affaires intérieures de la Chine".

Pour appuyer leur demande, les députés pointent notamment "l'endoctrinement politique et antireligieux", "le travail forcé" et "la destruction de sites culturels" que subit selon eux cette minorité musulmane dans le Xinjiang.

Un amendement à la motion demandant que les Jeux olympiques d'hiver de Pékin de 2022 soient déplacés si le "génocide" se poursuit, a également été adopté.

"Certaines personnes au Canada devraient abandonner leurs préjugés anti-chinois", a fustigé mardi devant la presse à Pékin un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

M. Wang a indiqué que son pays répondrait "résolument" à toute action du Canada qui "porterait atteinte" aux intérêts de la Chine.

'Enormes violations'

Selon des études d'instituts américains et australien, au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des "camps" du Xinjiang et certains ont été soumis à du "travail forcé" ou à des "stérilisations forcées".

La Chine dément catégoriquement les deux dernières accusations et affirme que les "camps" sont des "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des Ouïghours.

"Maintenant, les conservateurs demandent au gouvernement libéral de respecter le Parlement et de reconnaître officiellement qu'un génocide se passe en Chine", a déclaré leur chef, Erin O'Toole, qui depuis des mois appelle Ottawa à durcir le ton contre Pékin.

"Le gouvernement du Canada prend toute allégation de génocide extrêmement au sérieux", a réagi dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères Marc Garneau, rappelant que le Canada privilégiait une approche concertée avec ses alliés sur cette question.

Vendredi, le Premier ministre Justin Trudeau a admis que "d'énormes violations des droits de l'Homme ont été signalées dans le Xinjiang".

Il a précisé, à l'issue d'une réunion du G7, que le Canada se concertait avec ses partenaires quant à l'utilisation du terme "génocide" déjà employé par l'administration de Donald Trump.

Les relations entre le Canada et la Chine traversent une crise sans précédent depuis l'arrestation fin 2018 de l'ex-diplomate canadien Michael Kovrig et de son compatriote Michael Spavor, accusés d'espionnage, quelques jours après celle d'une cadre de Huawei, Meng Wanzhou, à l'aéroport de Vancouver.

La directrice financière du géant chinois a été arrêtée à la demande de la justice américaine qui veut la juger pour fraude bancaire.

XS
SM
MD
LG