"La loi amendant la Constitution transitoire numéro 5 pour l'année 2018 est par la présente adoptée par le corps législatif national", a déclaré le président du Parlement Anthony Lino Makana, après que la loi eut été adoptée à l'unanimité.
Le Soudan du Sud est, depuis 2015 et la signature d'un accord de paix, dirigé par des autorités de transition, aussi bien au niveau de l'exécutif que du législatif.
Aux termes de cet accord, leur mandat expire en août 2018. Des élections devaient initialement avoir lieu cette année, mais la guerre civile qui ravage le pays depuis 2013 rendu impossible leur tenue.
Le gouvernement a défendu ce projet de loi en arguant que la prolongation du mandat des autorités de transition était nécessaire pour éviter un vide institutionnel.
Le ministre de la Justice Paulino Wanawilla, qui l'a présenté devant le Parlement, a estimé qu'il empêcherait de rendre "illégitime" le gouvernement à l'expiration de son mandat.
Mais Pouk Both, un porte-parole du chef rebelle Riek Machar, a rejeté jeudi cette loi, la qualifiant d'"illégale et inconstitutionnelle", et estimant qu'elle "compliquera(it) les actuels efforts de paix".
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Un député interrogé par l'AFP sous couvert de l'anonymat avait déjà estimé la semaine dernière que cette loi montre que le gouvernement et le chef de l'État Salva Kiir "ne sont pas prêts à signer un accord de paix avec les rebelles".
De son côté, James Okuk, professeur de sciences politiques à l'université de Juba, y voyait plutôt un moyen de pression du gouvernement sur les rebelles. "C'est un signal envoyé à l'opposition qui dit en substance : +Si vous n'accélérez pas dans la recherche d'un compromis en vue d'un accord de paix, nous irons de l'avant+".
Le bloc régional est-africain Igad a relancé des pourparlers de paix entre les deux principaux protagonistes de la guerre civile, le président Kiir et son ancien vice-président, Riek Machar.
Le deux hommes se sont mis d'accord sur un cessez-le-feu entré en vigueur le 30 juin. Le 6 juillet, ils ont convenu de retirer leurs forces des "zones urbaines", dans le cadre d'un accord portant sur la sécurité signé à Khartoum.
Et le lendemain à Kampala, ils ont accepté le principe d'un partage du pouvoir qui doit voir M. Machar retrouver son poste de vice-président. Mais le camp rebelle devait encore étudier cet accord avant de donner sa "position finale" sur le sujet.
Les négociations entre les deux camps se poursuivent en vue de la signature d'un nouvel accord de paix global, en attendant l'organisation d'élections.
Plus jeune Etat du monde, le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, à l'issue de plusieurs décennies de luttes. Le pays s'est enfoncé dans une guerre civile fin 2013 quand M. Kiir a accusé M. Machar de fomenter un coup d'État. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.
Avec AFP