Son audition en fin d'après-midi par les chefs des groupes politiques de l'assemblée, initialement prévue à huis clos, sera finalement diffusée en direct sur internet.
Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a annoncé lundi que M. Zuckerberg avait accepté que son intervention soit retransmise "live" sur le web, à la suite de la vive pression d'infuents eurodéputés.
A trois jours de l'entrée en vigueur vendredi d'une législation européenne visant à mieux protéger les données personnelles des Européens, certains avaient exhorté M. Zuckerberg à rendre des comptes publiquement, comme il l'avait longuement fait le mois dernier devant les parlementaires américains.
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Ces derniers avaient soumis le jeune milliardaire américain à une pluie de questions pour comprendre comment la firme Cambridge Analytica avait pu exploiter à leur insu les données de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook, pour une utilisation à des fins politiques.
Le chef de file des eurodéputés libéraux, Guy Verhofstadt (ALDE), menaçait ainsi de boycotter la rencontre à Bruxelles si elle restait privée.
"Il y a plus d'utilisateurs de Facebook dans l'UE qu'aux Etats-Unis et les Européens méritent de savoir comment leurs données sont traitées", avait de son côté plaidé la commissaire européenne à la Justice, Vera Jourova.
L'annonce d'une retransmission en direct a été abondamment saluée: "La transparence a gagné (...) Une rencontre derrière des portes closes aurait été une farce", s'est félicité le chef de file des eurodéputés sociaux-démocrates, l'Allemand Udo Bullmann.
"La pression a marché", ont applaudi les Verts.
Selon des chiffres communiqués par Facebook à la Commission européenne, les données de "jusqu'à 2,7 millions" d'Européens ont pu être transmises de "manière inappropriée" à la firme Cambridge Analytica, impliquée dans la campagne présidentielle de Donald Trump.
Mme Jourova a plusieurs fois remercié ironiquement Mark Zuckerberg ces dernières semaines pour avoir prouvé par ce scandale à quel point des règles strictes s'imposaient, malgré les réticences des grands acteurs d'internet, grands consommateurs de données personnelles.
'Droit de savoir'
Devant les parlementaires américains, le patron de Facebook s'était excusé, reconnaissant n'avoir pas "pris une mesure assez large de nos responsabilités" aussi bien dans la protection des données que dans la propagation des "fake news" (fausses nouvelles), dans les ingérences étrangères dans les élections ou encore concernant les discours haineux sur internet.
Pour le plus grand plaisir des autorités européennes, il avait même qualifié "d'étapes positives" les nouvelles règles strictes qui entrent en vigueur le 25 mai dans l'UE.
Le "Règlement général sur la protection des données" (RGPD) va créer ou renforcer des droits individuels et imposer des obligations strictes aux entreprises qui collectent ou traitent des informations personnelles d'Européens, où qu'elles soient établies.
Toutes les entreprises et les organismes récoltant des données, qu'ils soient présents ou non sur internet, devront s'y plier sous peine de lourdes amendes, au même titre que les grandes plateformes comme Facebook, Google ou Twitter.
Ces règlent incluent pour les citoyens un "droit de savoir" qui s'occupe de leurs données et dans quel but, ainsi qu'un droit de s'opposer à leur traitement, pour de la prospection commerciale notamment.
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Elles détaillent les conditions pour obtenir leur suppression ("droit à l'oubli") et prévoit que les particuliers devront être prévenus en cas d'accès non autorisé à leurs données, comme dans le cas du piratage massif subi par la société Uber en 2016, longtemps tenu secret.
Mardi, M. Zuckerberg doit d'abord avoir une rencontre bilatérale à Bruxelles avec M. Tajani d'une demie-heure en fin d'après-midi (à 16h00 GMT), suivie d'une audition d'un peu plus d'une heure retransmise en direct avec les chefs des groupes politiques du Parlement européen, puis d'une conférence de presse de M. Tajani.
Le lendemain de sa visite à Bruxelles, M. Zuckerberg doit faire partie de la cinquantaine de dirigeants de grandes entreprises du numérique reçus à Paris par le président français Emmanuel Macron.
Avec AFP