Une nouvelle étude révèle qu’une partie significative des remboursements des États africains est versée à des entités privées européennes et américaines.
La Chine est un grand prêteur pour le continent africain, mais l’Occident n’en est pas moins important. C’est en effet ce que met en exergue un document publié lundi 11 juillet 2022 par Debt Justice, une ONG militant pour la fin de la dette, jugée préjudiciable à l’épanouissement des pays pauvres.
À en croire l’organisation caritative basée au Royaume-Uni, le montant de la dette publique due par les nations d’Afrique à des structures privées européennes et américaines, notamment les banques, les gestionnaires d’actifs et les négociants de ressources primaires entre autres, représente 35% de la dette extérieure du continent estimée à 696 milliards de dollars selon la Banque mondiale.
C’est presque trois fois supérieur aux créances de la Chine à l’égard des pays africains qui représente 12% seulement de la dette extérieure de l’Afrique. L’Empire du Milieu, incontestablement le plus grand créancier du monde, est pourtant souvent pointé du doigt pour son supposé rôle dans le surendettement du continent. Surtout dans ce contexte de crise économique planétaire due successivement au Covid et à la guerre russo-ukrainienne.
Fort taux d’intérêt
Selon Tim Jones, responsable des politiques de Debt Justice, le poids de créances du privé des pays européens et des Etats-Unis sur l’Afrique et les nations en développement en général, est particulièrement pénalisant pour les finances publiques. Les taux d’intérêt exigés par ces prêteurs occidentaux privés sont de 5% contre 2,7% en ce concerne la Chine.
Debt Justice estime par ailleurs à 35% la part du service de la dette africaine à verser aux acteurs privés européens et américains à l’horizon 2028, contre 19% pour la Chine. Avec en prime, une participation très faible aux initiatives d’allègement de la dette vivement souhaitée par les pays africains, le FMI et la Banque mondiale.
L’ONG en veut pour preuve la dernière initiative décidée en avril 2020 au temps fort de la pandémie de Covid et prorogée à juin 2021 par le G20. Les prêteurs privés basés en Europe et aux États-Unis n’avaient alors suspendu que 0,2% de leurs créances à l’égard des pays africains. La raison de si peu d’engagement ? L’absence d’un mécanisme contraignant les créanciers privés en Occident à prendre en charge une part significative des mesures d’allègement du fardeau de la dette hors de leurs frontières.
"Il ne saurait y avoir de solution à la crise de la dette sans une implication des créanciers privés", insiste Tim Jones, appelant le G20 à inclure le secteur privé occidental dans le cadre commun de restructuration de la dette des pays pauvres.