"Je vais porter plainte à Paris pour dénonciation calomnieuse", a lancé sans plus de détails Alpha Condé en haranguant des dizaines de journalistes réunis à la maison de la presse de Conakry à l'occasion de la journée mondiale pour la liberté de la presse.
Le président guinéen, 80 ans et réputé proche du milliardaire français, ne s'était pas encore exprimé depuis la mise en examen retentissante le 25 avril de Vincent Bolloré.
L'ancien opposant historique, élu en 2010, n'a pas précisé contre qui il entendait porter plainte. Mais il a vertement reproché à la presse guinéenne de ne pas avoir joué son rôle pour "défendre le pays".
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"Vous n'avez jamais protesté quand on raconte des histoires sur votre pays parce que vous continuez à désinformer la population. C'est à Paris qu'on va s'expliquer parce qu'aucun de vous n'a cherché à savoir ici la vérité", a lancé M. Condé.
Le président Condé avait résilié le 8 mars 2011 par décret la convention de concession du terminal du port de Conakry octroyée en 2008 pour 25 ans à Getma, filiale de l'armateur français NCT Necotrans, pour la confier au groupe Bolloré.
Les magistrats français qui ont inculpé M. Bolloré notamment de "corruption d'agent étranger" tentent de déterminer si le groupe a utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Havas pour obtenir la gestion des ports de Conakry et Lomé (Togo) via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.
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SDV avait obtenu la gestion la concession à Lomé peu avant la réélection en 2010 du président togolais Faure Gnassingbé, conseillé dans sa campagne par Havas, tout comme Alpha Condé en Guinée.
Le 26 avril, la Commission nationale d'enquête administrative guinéenne a démenti lors d'une conférence de presse toute implication d'Alpha Condé dans l'octroi du terminal à conteneurs de Conakry au Groupe Bolloré.
Le ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako, avait assuré le même jour que la Guinée allait "collaborer avec la France" dans cette affaire.
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Le groupe Bolloré a démenti ces accusations, faisant valoir que "les concessions obtenues au Togo l'ont été en 2001, bien avant l'entrée du groupe dans Havas, et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du n°1 (le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d'offres), défaillance constatée avant l'élection du président" Condé.
Avec AFP