"On vous demande un coup de main", a déclaré le chef d’État haïtien lors d'une allocution diffusée en direct par la télévision d’État et sur les réseaux sociaux.
"Nous avons besoin du mariage entre la police et la population pour mettre la main sur ces vagabonds, tant sur les vagabonds en col blanc, les auteurs intellectuels des kidnappings, que sur les vagabonds aux souliers et pantalons déchirés qui causent ces problèmes", a expliqué Jovenel Moïse.
Après avoir évoqué la crise sécuritaire pendant moins de dix minutes, Jovenel Moïse a discouru pendant plus d'une heure sur des projets d'infrastructures électriques et routières.
Pendant ce discours présidentiel, quelques centaines de personnes, dont une majorité d'élèves en uniforme, ont manifesté en divers points de la capitale haïtienne après qu'un de leurs camarades, et un membre de l'équipe de direction de leur établissement, ont été victimes de rapt.
Avant le début des cours lundi matin, un élève d'une école primaire a été enlevé pendant quelques heures, provoquant la colère des riverains qui ont immédiatement dressé des barricades sur un axe majeur de la ville.
L'appel à l'aide de la population lancé lundi par Jovenel Moïse intervient alors que, depuis juin 2020, plusieurs manifestations pacifiques organisées pour dénoncer l'insécurité ont été réprimées avec force par la police nationale d'Haïti (PNH).
Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits humains a quant à lui dénoncé des homicides commis par des agents de la PNH, après étude de manifestations de l'opposition politique organisées en 2018 et 2019.
"L’utilisation de la force létale par des agents de l’État sans égard aux principes de légalité, de précaution, de nécessité, de responsabilité et de proportionnalité, a entraîné la mort de 60 personnes, dont sept femmes et deux mineurs, manifestants ou simples passants", précise le rapport publié la semaine dernière.
Une seule des 48 enquêtes que l'inspection générale de la PNH a ouvertes sur ces exactions est en cours d'instruction par un juge.
L'ONU note par ailleurs que, durant la même période, "la mort de 73 personnes est attribuable à des membres de gangs ou des hommes armés non identifiés".
A cette date, aucun membre de gangs n'a été traduit en justice.