Dimanche matin encore, un Casque bleu a été tué et cinq autres blessés dans deux attaques, l'une à l'engin explosif, l'autre à l'arme à feu, dans le nord-est et le centre du pays, a indiqué la Minusma sur Facebook.
La force de stabilisation de l'ONU, établie en 2013, chiffre ses pertes humaines à plus de 200 sur son site internet.
L'armée malienne, quant à elle, a essuyé ses plus lourdes pertes depuis des années des mains des jihadistes dans deux attaques lundi et mardi à Boulkessy et Mondoro (centre), près de la frontière du Burkina Faso.
Trente-huit soldats ont été tués, selon un bilan gouvernemental largement soupçonné d'être en deçà de la réalité. Un hommage leur a été rendu dimanche à Bamako.
Mais ces attaques et l'impuissance imputée au pouvoir central à faire face à la détérioration de la situation ont réveillé le spectre d'un coup d'Etat semblable à celui mené par des officiers en 2012.
Le Mali, "plus que jamais, a besoin de solidarité, a besoin de se resserrer, n'a pas besoin d'élucubrations des nostalgiques du putsch", a dit le président malien samedi devant des responsables politiques.
"Aucun putsch militaire ne prévaudra au Mali, qu'on se le dise. Et je crois que cela n'est pas du tout à l'ordre du jour et ne saurait nous inquiéter", a-t-il dit selon l'enregistrement de ses propos diffusé par la présidence.
Dans un pays en proie depuis 2012 à des insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et à des violences interethniques meurtrières, la bataille de Boulkessy a provoqué la colère des familles des soldats. Elles ont accusé le pouvoir de cacher la vérité et de ne pas donner à l'armée les moyens de se défendre.
Le chef de l'Etat malien a dit "comprendre l'émoi" suscité chez "les jeunes militaires", mais, a-t-il promis, "nous en tirerons toutes les conséquences".
En mars, une attaque jihadiste dans laquelle une trentaine de soldats avaient été tués, suivie une semaine après par le massacre de 160 villageois peuls au cours de violences intercommunautaires, avait débouché sur le limogeage des principaux chefs d'état-major. Le gouvernement avait démissionné en avril sous la pression de manifestations contre l'impuissance de l'Etat.
Samedi, le président s'est contenté de demander au gouvernement "d'être vigilant, d'anticiper".
"Moyens limités"
Il a espéré que les missions onusienne, africaine et française face aux jihadistes porteraient leurs fruits. Mais il a aussi tenu des propos aux sombres perspectives.
"Nous sommes en guerre. Ça veut dire que ce qui s'est passé à Boulkessy pourrait malheureusement survenir encore", a-t-il dit.
Et face aux agissements des jihadistes, pour lesquels infliger "la mort est devenue l'objectif", "nos moyens deviennent limités", a-t-il reconnu.
Les solutions sécuritaire et politique paraissent pour l'heure introuvables.
En 2012, l'incapacité attribuée au pouvoir à défendre le pays face aux insurrections émergentes dans le Nord avait donné lieu à un coup d'Etat conduit par des officiers. Le renversement du gouvernement avait précipité la plongée du Mali dans la crise toujours en cours.
Le nord du Mali était alors tombé sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du déclenchement en janvier 2013 d'une opération militaire à l'initiative de la France.
Mais les violences jihadistes persistent et se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant à des conflits intercommunautaires qui ont fait des centaines de morts.