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Le président Mnangagwa soupçonne des partisans de Grace Mugabe d'avoir fomenté l'attentat


L'ex-première dame du Zimbabwe, Grace Mugabe, à l'ouverture de la foire agricole annuelle dans la capitale Harar, 25 août 2017.
L'ex-première dame du Zimbabwe, Grace Mugabe, à l'ouverture de la foire agricole annuelle dans la capitale Harar, 25 août 2017.

Le chef de l'Etat zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a accusé mercredi les partisans de sa rivale et ancienne Première dame Grace Mugabe d'avoir fomenté l'attentat dont il est sorti indemne le week-end dernier, un mois avant les élections générales.

Samedi, deux membres de la sécurité présidentielle ont été tués et des dizaines d'autres personnes, dont les deux vice-présidents du pays, blessées dans l'explosion d'un engin non identifié.

L'attentat perpétré à la fin d'un discours de M. Mnangagwa devant des milliers de ses partisans réunis dans un stade de Bulawayo (sud), fief de l'opposition, n'a pas été revendiqué.

Mais dans un entretien à la BBC diffusé mercredi, le président a pour la première fois mis en cause l'entourage de Grace Mugabe.

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L'attentat - une première dans l'histoire contemporaine du Zimbabwe - est l’œuvre de "personnes mécontentes de l'actuel gouvernement démocratique du pays", a-t-il estimé.

"Mon intuition, sans avoir de preuve, est que les personnes qui sont mécontentes du nouveau gouvernement sont le G40", a-t-il poursuivi, en référence au groupe Génération 40, une faction du parti au pouvoir, la Zanu-PF, favorable à l'épouse de l'ex-président Robert Mugabe.

"C'est la conclusion logique et raisonnable qu'on peut tirer", a estimé M. Mnangagwa, promettant de "traquer ces criminels". "Une fois qu'on les aura arrêtés, on pourra déterminer l'étendue de leur réseau", a-t-il dit.

M. Mnangagwa et Mme Mugabe entretiennent des relations exécrables depuis qu'ils se sont retrouvés, il y a quelques mois, en compétition dans la course à la succession du président de l'époque, Robert Mugabe.

Les ambitions présidentielles de son épouse ont finalement coûté à M. Mugabe son poste en novembre.

- "Cabale" -

Après trente-sept ans au pouvoir, le président nonagénaire a été contraint de démissionner par l'armée et la Zanu-PF, inquiets de voir la Première dame se positionner pour succéder le moment venu à son mari.

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Quelques jours plus tôt, elle avait obtenu qu'il démette de ses fonctions de vice-président M. Mnangagwa, dauphin de longue date du chef de l'Etat. Sa décision a précipité l'intervention de l'armée et la chute de M. Mugabe, remplacé par M. Mnangagwa.

"Comment pourrais-je faire confiance" à Grace Mugabe, "une personne qui a participé à une cabale pour dire des choses sans fondement ?", a lancé le président à la BBC.

"J'ai de la compassion pour elle", a-t-il toutefois affirmé, "parce qu'à mon avis elle était politiquement immature (...) elle a été utilisée par ceux qui voulaient se débarrasser de moi".

Aujourd'hui, Grace Mugabe, 52 ans, vit avec son époux dans leur luxueuse propriété de Blue Roof à Harare, où l'ancien chef d'Etat mène une retraite paisible.

L'ex-Première Dame, connue pour ses coups de colère et ses goûts du luxe, est sous le coup de deux enquêtes. L'une visant des exportations illégales d'ivoire de contrebande qui lui auraient rapporté des millions de dollars, l'autre pour avoir obtenu dans des conditions controversées un doctorat de sociologie.

Soucieux de faire revenir les investisseurs étrangers dans un pays asphyxié économiquement, le président Mnangagwa s'est voulu rassurant en affirmant que l'attentat "ne remettait pas en cause la stabilité du pays".

- "Doux comme la laine" -

"Nous sommes un pays sûr et pacifique", a-t-il lancé mercredi lors d'une cérémonie à Hwange (ouest).

Candidat à la présidentielle, le chef de l'Etat devait tenir plus tard mercredi dans cette même ville sa première réunion électorale depuis l'explosion de Bulawayo.

Des soldats étaient positionnés dans le stade de Hwange, où l'entrée de milliers de partisans de la Zanu-PF se faisait au compte-gouttes sous des portiques de sécurité, a constaté un journaliste de l'AFP.

Mais le meeting a finalement été annulé et le président ne s'est pas présenté, sans qu'aucune explication officielle ne soit immédiatement avancée.

Malgré l'attentat, M. Mnangagwa, donné grand favori de la présidentielle, a exclu de modifier le calendrier électoral. Les premiers scrutins législatifs et présidentiel depuis la fin de l'ère Mugabe se tiendront comme prévu le 30 juillet, a-t-il insisté.

M. Mnangagwa a promis des élections libres et honnêtes. Mais ses détracteurs en doutent. Ils rappellent qu'il a été un des exécuteurs de la répression de l'ère Mugabe, pendant laquelle les scrutins ont été entachés de fraudes et de violences.

Sur la BBC, le président a balayé les critiques. "Dans le passé, il y avait des barrages partout. Je les ai supprimés. Nous avons ouvert l'espace politique. Il y a maintenant 133 partis dans le pays", s'est-il félicité.

Un nombre record de 23 candidats ont été enregistrés pour la présidentielle.

"Je suis une personne très douce dans la vie", a assuré M. Mnangagwa, "je suis doux comme la laine."

Avec AFP

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