"J'ai décidé de vous annoncer personnellement que je quitte mes fonctions de Premier ministre du Lesotho. Je voulais que vous l'entendiez de ma propre bouche", a déclaré à la presse M. Thabane depuis sa résidence.
Le chef du gouvernement, dont le mandat devait s'achever en 2022, n'a pas précisé si son retrait était immédiat.
Au pouvoir depuis près de trois ans, Thomas Thabane, 80 ans, est soupçonné depuis le début de l'année d'avoir participé à l'assassinat de son ex-femme, Lipolelo Thabane, quelques jours avant de prendre ses fonctions en 2017.
Lâché par son propre parti, la Convention de tous les Basoto (ABC), et sa coalition gouvernementale, il a jusque-là résisté à tous les appels à la démission. Pressé de prendre sa retraite au plus vite, il ne s'était engagé à quitter ses fonctions que "d'ici à la fin juillet", en raison de son âge.
Le mois dernier, Thomas Thabane n'a pas hésité à faire descendre l'armée dans les rues de la capitale Maseru pour, a-t-il justifié, "restaurer l'ordre" face à ses ennemis politiques, qualifiés de factieux.
Sur médiation sud-africaine, la coalition gouvernementale s'est alors engagée à permettre une sortie "digne" du Premier ministre. Mais celui-ci s'est ensuite à plusieurs reprises refusé à fixer la moindre date pour son départ.
Il a fallu que sa coalition lui retire son soutien, il y a une semaine, et annonce que le Parlement se réunirait le 22 mai pour approuver la nomination d'un successeur pour que le royaume entrevoit enfin la fin de la crise.
M. Thabane avait annoncé le lendemain à l'AFP qu'il présenterait rapidement sa démission au roi Letsie III mais n'en a rien fait.
- 'Difficile de se décider' -
C'est finalement lundi, après l'approbation par le Conseil d'Etat de la nomination de l'actuel ministre des Finances Moeketsi Majoro à son poste, que Thomas Thabane a rendu les armes.
"Il est très difficile de se décider à quitter une chose à laquelle vous êtes habitué et de tourner le dos aux gens mais il faut tous partir à un moment ou un autre", a-t-il dit.
Lors de l'entretien accordé la semaine dernière à l'AFP, le désormais ex-Premier ministre, roué et tenace, avait nié toute responsabilité dans la crise et assuré avoir retardé son départ pour mieux préparer sa jeune garde.
"J'ai toujours dit que j'essaierai de donner l'exemple que les dirigeants africains doivent se retirer d'eux-mêmes", a-t-il plaidé. "Mais les jeunes ont pensé que je les jetais aux loups (...) je ne voulais pas partir comme un voleur".
L'octogénaire a également répété à l'AFP qu'il n'avait aucun lien avec le meurtre de son ancienne épouse.
"Je n'ai tué personne, certainement pas ma femme", s'était indigné Thomas Thabane. "C'est vrai, nous avions eu une dispute (...) quand c'est arrivé mais je ne sais rien de ce qui s'est passé. Ce (le meurtre) n'est pour moi qu'une source de grande peine et d'immense embarras".
Il a aussi démenti l'implication de sa deuxième épouse Maesaiah Thabane, 43 ans, déjà inculpée du meurtre de sa rivale.
M. Thabane a enfin nié avoir négocié la moindre impunité face aux poursuites judiciaires qui le menacent. "Tout ce que je souhaite, c'est toucher ma retraite et qu'on me laisse tranquille", a-t-il assuré, "tout le reste, c'est n'importe quoi".
Enclavé au milieu de l'Afrique du Sud, le Lesotho a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable, rythmée de coups d'Etat militaires.