Le président sud-africain Jacob Zuma a écarté mercredi l'idée d'une démission anticipée à l'occasion du 22e anniversaire des premières élections multiraciales du pays alors qu'au même moment des centaines de personnes manifestaient dans les principales villes du pays pour réclamer son départ.
"Si vous êtes élu et que les gens ne veulent plus de vous, il faut être humble et l'accepter. Mais le changement doit arriver dans le respect de nos institutions démocratiques", a lancé Jacob Zuma, devant des milliers de supporters rassemblés dans le stade de Giyeni, dans le Limpopo (nord).
Le chef de l'Etat avait auparavant été accueilli par des applaudissements nourris, lors de son arrivée au stade, au coeur d'une province très favorable à son parti, l'ANC.
"Nous avons travaillé dur pour construire ce pays. Il ne peut pas être détruit par des anarchistes", a insisté M. Zuma, faisant référence aux menaces de recours à la violence lancées ce weekend par Julius Malema, l'un de ses opposants
Le leader du parti radical d'opposition des Combattants pour la liberté économique avait affirmé dimanche dans une interview à Al-Jazeera qu'il allait "bientôt perdre patience" et "faire partir ce gouvernement à la pointe du fusil".
Jacob Zuma, au coeur de plusieurs scandales, reste toutefois sous très forte pression à trois ans de la fin de son second mandat.
A Johannesburg, au Cap et à Durban, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à l'appel d'organisations de la société civile pour réclamer sa démission.
"Cette colère vient d'une combinaison de facteurs (...) les gens sont en colère car ils se sentent méprisés par le président",a indiqué à l'AFP Ferrial Adam, membre de la coalition de la société civile People's Assembly qui organisait la manifestation de Johannesburg.
"C'est un mouvement très divers en terme d'âge, de race ou d'origines sociales. Il a le potentiel de grandir", a-t-elle ajouté.
Fin mars, la justice avait jugé que le président Zuma n'avait pas respecté la Constitution en refusant de rembourser une partie des 20 millions d'euros d'argent public utilisés pour rénover sa résidence privée.
Les élections municipales qui doivent se tenir le 3 août feront figure de test pour le chef de l'Etat.
Si son parti, l'ANC, perd une ou plusieurs grandes métropoles, la question de la suite de son mandat pourrait alors être remise en question, selon des analystes.
Avec AFP