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Le procès de Bemba pour subornation de témoins s'ouvre devant la CPI


Jean-Pierre Bemba, La Haye, 29 septembre 2015
Jean-Pierre Bemba, La Haye, 29 septembre 2015

Le procès de l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba et quatre de ses proches s'est ouvert devant la Cour pénale internationale, dans la première affaire du genre instruite par la CPI.

Jean-Pierre Bemba, 52 ans, est accusé d'avoir pensé et coordonné un plan, depuis sa cellule de La Haye, pour "corrompre" quatorze témoins avec l'aide de 4 co-accusés.

Le but était "d'obtenir l'acquittement" de M. Bemba dans son procès pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés commis en Centrafrique, qui s'est ouvert devant la CPI en 2010.

"Les accusés ont participé à un plan afin d'influencer des témoins par corruption, de les soudoyer, des les encourager ou de les induire à déposer de faux témoignages", a déclaré la procureure Fatou Bensouda lors d'une audience publique à La Haye, où siège la CPI.

Outre M. Bemba, sont poursuivis Aimé Kilolo, son avocat principal, Jean-Jacques Mangenda, un membre de son équipe de défense, Fidèle Babala, un député de son parti, le Mouvement de libération du Congo, et Narcisse Arido, un des témoins de la défense.

Les cinq hommes ont plaidé non coupable.

Selon l'accusation, ils auraient contribué à des degrés divers au plan en recrutant les témoins, leur versant de l'argent, leur donnant des téléphones portables et leur donnant des instructions quant à leurs témoignages, le tout entre la fin 2011 et novembre 2013.

Il s'agit du premier procès pour subornation de témoins devant la CPI, entrée en fonction en 2003 à La Haye.

"La vérité est la base de la justice", a ajouté Mme Bensouda : "cette affaire est très grave, avec des ramifications qui vont bien au-delà de cette procédure". "Il s'agit durant ce procès de s'assurer que personne, maintenant ou dans le futur, ne puisse pervertir le cours de la justice".

La défense prendra la parole une fois que le procureur aura terminé la présentation de ses éléments de preuve, vraisemblablement dans plusieurs semaines.

Jean-Pierre Bemba était "le coordinateur des infractions", selon le document de la Cour listant les charges. M. Kilolo "veillait surtout à la mise en oeuvre de la stratégie globale" alors que Jean-Jacques Mangenda "assurait la liaison entre Aimé Kilolo et Jean-Pierre Bemba".

Les instructions, interceptées par l'accusation, étaient données par téléphone à l'aide de codes, a souligné le représentant du procureur Kweku Vanderpuye : "+Faire un whisky+, par exemple, signifiait effectuer un transfert d'argent via Western Union".

L'accusation a ainsi diffusé mardi une conversation téléphonique dans laquelle M. Bemba donne ses instructions quant à un témoignage : "il ne faut pas donner trop d'éléments, pas trop vite (...) et seulement après hésitation".

MM. Babala et Narido ont, eux, joué des rôles "plus limités". Le premier "aidait les autres suspects à gérer les aspects financiers de la corruption" tandis que le second aurait recruté quatre témoins, selon l'accusation.

Le procès pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre de Jean-Pierre Bemba s'est ouvert en 2010. Un jugement est attendu.

Il est poursuivi pour les atrocités commises par ses troupes du MLC en République Centrafricaine entre octobre 2002 et mars 2003, venues soutenir le président Ange-Félix Patassé, victime d'une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé.

Jean-Pierre Bemba est poursuivi en tant que "chef militaire" du MLC, ce que conteste catégoriquement la défense, affirmant que ses hommes étaient à l'époque sous le contrôle des autorités centrafricaines.

Les faux témoignages avaient précisément pour but, entre autres, de contester "le rôle de Jean-Pierre Bemba comme chef militaire jouissant d'une autorité militaire effective" ainsi que "la date d'entrée des troupes du MLC et de Jean-Pierre Bemba lui-même" en Centrafrique.

A cet effet, les suspects ont notamment recruté des faux témoins qui se sont fait passer pour des anciens membres du MLC.

M. Bemba est détenu à La Haye depuis 2008. Ses co-accusés comparaissent libres.

Avec AFP

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