Ce projet de loi répond à un besoin urgent de freiner les violences faites aux femmes qui ne cesse de croître dans le pays.
Dans les transports en commun, dans les foyers et dans les espaces publics, les femmes subissent toutes sortes de violences.
Les femmes se tournent vers des structures spécialisées qui portent anonymement leurs voix et leurs combats. Na Maimouna Djité, membre de l'Observatoire des relations de genre au Sénégal, explique : "Tu sors, tu dis à un de tes parents: 'j'ai été tabassée par mon mari' ,et ils te répondent: 'retourne vers ton mari et vas gérer ton ménage'".
Pour l'activiste, les gens ne sont pas réellement conscients de ce que les femmes endurent dans leur vie de couple. Na Maimouna pense que c'est ce qui pousse beaucoup de femmes à avoir peur de s'exprimer parce que "la société également n'a pas donné la place qu'il faut à la femme".
C'est donc le modèle de société sénégalais qui explique, en partie, cette violence subit par les femmes, comme l'indique le Professeur Djiby Diakhaté. Pour le sociologue, le Sénégal a une société où on a mis essentiellement l'accent sur le patriarcat.
Le patriarcat, c'est une communauté dans laquelle les hommes ont plus de privilèges que les femmes. Or, ajoute le sociologue, le patriarcat est essentiellement renforcé par l'acceptation d'un certain nombre de dispositions qui renvoient aux cultes.
Le Pr Diakhaté développe : "nous avons, par exemple, la religion musulmane, la religion chrétienne et un certain nombre de traditions animistes et païennes" qui mettent l'accent sur l'idée que l'homme doit prendre l'ascendant sur la femme.
L'universitaire affirme que lorsque ces choses sont intériorisées, les gens ont tendance à développer des attitudes et des comportements qui sont de nature à montrer des fois, de la façon la plus brutale, l’autorité de l'homme sur la femme.
Les femmes sont ainsi victimes de beaucoup d'abus, comme le constate Na Maimouna Djitté de l'Observatoire des relations de genres au Sénégal. "Des fois, même dans la circulation, dans les bus, tu vois des femmes qui sont côtoyées par des hommes qui font des attouchements, on le vit tous les jours", confie-t-elle.
Na Maimouna ajoute que "des femmes sont violées en pleine journée"; ce qui montrent que des pratiques inacceptables existent dans notre société. Et pour elle, "il est temps d'arrêter ce genre de pratique".
Pour que ces violences cessent, il faut que les femmes puissent faire face, et cela passe nécessairement par une émancipation d'après Djiby Diakhaté.
Le professeur de sociologie affirme que "la femme a droit à des droits et ces droits doivent être respectés". Selon lui, ces droits sont "inaliénables, intangibles et on doit respecter le droit de la femme".
Ce qui lui fait dire qu'il faut un travail de sensibilisation à l'endroit des hommes, mais aussi un travail de déconstruction et de sensibilisation à l’endroit des femmes.
"Il faut voir que beaucoup de femmes ont tendance à accepter leur sort, à se dire qu'il en est ainsi et qu’on ne peut pas changer l’ordre des choses. Alors si on tombe dans cette sorte de fatalité tout se passe comme si le sort est déjà jeté et qu'on ne peut absolument rien faire pour changer la tendance".
Pour conclure, le Pr Diakhaté suggère "un travail de déconstruction au niveau mental pour amener certaines femmes à effectuer ce que l'on peut appeler une insurrection mentale".
Les associations, mouvements et structures spécialisées dans l’appui aux femmes vulnérables mènent souvent des actions pour dénoncer les abus basés sur le genre. Sur la même lancée, le gouvernement compte sur le durcissement des sanctions pour faire baisser les violences faites aux femmes.
Le viol et la pédophilie, autrefois des délits avec des peines de trois ans d’emprisonnement, seront désormais considérés comme des crimes, avec de lourdes peines pouvant aller jusqu'à la perpétuité.