Les Etats-Unis ont estimé que l'éviction dimanche de l'EI de cette ville du centre de la Syrie était une "bonne chose", tout en rappelant que le "plus grand espoir" du peuple syrien était que le régime de Bachar al-Assad cesse de le "tyranniser".
Et Paris s'est réjoui du "reflux" de l'EI de la cité vieille de 2.000, tout en rappelant que le régime était "le principal responsable du conflit".
Fort de son plus important succès face à l'EI, forgé avec les forces de l'allié russe et des milices prorégime, le pouvoir veut sécuriser Palmyre, située dans la province de Homs, pour éviter une contre-offensive des djihadistes qui l'ont contrôlé pendant près de dix mois.
Mardi, de violents combats se poursuivaient entre forces prorégime et djihadistes aux environs d'Al-Qaryatayn, une localité à majorité sunnite située à 120 km à l'ouest de Palmyre tenue par l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cherchant à renforcer ses positions dans la province de Homs, l'armée s'est emparée avant l'aube de collines surplombant Al-Qaryatayn qui comptait une minorité chrétienne et avait été la cible en 2015 d'enlèvements menés par l'EI qui y avait aussi détruit un monastère.
Outre al-Qaryatayn, les troupes loyalistes veulent reprendre Sokhné, ville à l'est de Palmyre et où se sont retranchés les djihadistes après la reprise de la cité, selon une source militaire.
- 'L'EI se battra' -
Si le régime s'emparait de Sokhné, il serait aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par l'EI. Et au cas où il s'emparerait d'al-Koum au nord de Palmyre, il arriverait à la lisière de Raqa, principal fief du groupe djihadiste.
Le commandement militaire syrien a affirmé que Palmyre serait "la base à partir de laquelle s'étendront les opérations contre le groupe terroriste, notamment à Deir Ezzor et Raqa (nord)", le but étant de "mettre fin à l'existence" de l'EI en Syrie.
Le ministre syrien de la Défense, Fahed al-Freij, a qualifié la reprise de Palmyre, surnommée la "Perle du désert", comme une étape essentielle en vue de la "victoire finale" contre l'EI qui contrôle toujours de vastes territoires dans le pays en guerre.
Les forces prorégime vont en outre chercher à déloger l'EI de la localité d'Al-Alianiyé, au sud de Palmyre, pour avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les djihadistes.
Pour Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, "l'EI est évidemment plus faible que par le passé", mais "se battra avec beaucoup plus de détermination pour garder Raqa, sa capitale de fait, et Deir Ezzor, la plus grande ville qu'il contrôle en Syrie et sa porte vers l'Irak".
- Démineurs russes -
Dans Palmyre, les quartiers résidentiels ressemblaient à une ville fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements avant sa reprise par l'armée. Ils n'étaient toujours pas revenus mardi, selon l'OSDH.
Le site antique porte les stigmates des ravages de l'EI, qui a détruit deux de ses plus beaux temples, son Arc de triomphe et des tours funéraires.
"Cinq ans seront nécessaires" pour réhabiliter les monuments endommagés ou détruits de cette cité antique classée au patrimoine mondial de l'Humanité, selon le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. Une experte de l'Unesco a toutefois mis en doute la capacité de rebâtir le site.
Les forces prorégime s'emploient à désamorcer les mines et bombes laissées par les djihadistes. Un premier groupe de démineurs russes, équipé de détecteurs de mines et de radars, avec des chiens démineurs, est parti mardi matin pour Palmyre, selon des media russes.
Alors que les grandes puissances sont déterminées à en finir avec l'EI, les forces prorégime concentrent leur combat (sur) le groupe djihadiste, à la faveur d'une trêve avec les rebelles syriens entrée en vigueur il y a plus d'un mois.
Les Etats-Unis, qui dirigent une coalition internationale antidjihadiste, et l'allié turc ont indiqué leur intention de "faire davantage pression" sur l'EI, cible également d'une offensive en Irak, pays voisin de la Syrie.
Déclenchée en 2011, la révolte en Syrie contre le régime Assad s'est muée en une guerre dévastatrice aux multiples intervenants, qui a fait plus de 270.000 morts et chassé la moitié de la population de ses foyers.
Avec AFP