L'ex-athlète a été libéré en octobre et est depuis assigné à résidence, dans la maison huppée de son oncle à Pretoria, après avoir purgé un an en prison, soit un cinquième de sa peine pour homicide involontaire.
Mais le soulagement a été de courte durée pour Pistorius: en appel, quelques semaines plus tard, il a été reconnu coupable de meurtre, passible d'au moins 15 ans de prison.
Comme lors du procès en première instance, c'est la juge Thokozile Masipa qui a le destin du champion de 29 ans entre ses seules mains, au tribunal de Pretoria.
Mercredi, si la juge applique la loi à la lettre, elle enverra le champion en prison pour quinze années.
Mais selon l'avocat pénaliste Ulrich Roux, Thokozile Masipa pourrait rendre une sentence moins lourde.
"Les circonstances atténuantes, comme le handicap de Pistorius, vont être prises en compte", estime l'avocat. De même que le temps qu'il a déjà passé derrière les barreaux.
"Je ne pense pas qu'il prendra 15 ans. Il est possible qu'une partie de la peine soit commuée en sursis ou en assignation à résidence", poursuit Ulrich Roux, interrogé par l'AFP.
Pour le parquet, un tel scénario est inenvisageable. S'il a échoué à démontrer que Pistorius a tué dans un accès de rage à la suite d'une dispute dans le couple, le procureur Gerrie Nel a demandé, dans son réquisitoire, une peine de quinze ans, estimant que le champion n'avait jamais exprimé de remords.
Lors du procès en appel en juin, le père de la victime, Barry Steenkamp, un homme frêle de 73 ans, a demandé en larmes que Pistorius paie pour son crime. Il est convaincu que sa fille a été tuée après une dispute.
Dépressif selon la défense
Du côté de la défense, la plaidoirie de l'avocat Barry Roux a insisté sur la vulnérabilité du champion qui se trouvait sur ses moignons au moment où il a tiré, chez lui à Pretoria, dans la nuit de la Saint-Valentin 2013.
Dans une ultime tentative pour amadouer la juge, Me Roux a même appelé Pistorius, en pleurs, à faire un fébrile aller-retour sur ses moignons devant une salle du tribunal pleine à craquer.
A maintes reprises, l'avocat de la défense a tenté de présenter l'ex-champion comme un homme brisé, dans un état psychologique trop fragile pour venir témoigner à la barre.
Au moment de rendre sa sentence, la juge repensera peut-être à cette phrase prononcée pendant le procès en première instance par un expert de la défense: "Votre honneur, ce qu'il s'est passé ce soir-là, on ne le saura jamais".
Car si la justice a finalement écarté l'hypothèse de la dispute, en l'absence de témoins, seul Pistorius connaît la vérité de ce drame.
S'il est admis que Pistorius a tué sa petite amie en tirant quatre balles de gros calibre à travers la porte des toilettes derrière laquelle elle se trouvait, l'athlète a toujours plaidé la méprise, assurant qu'il pensait qu'un cambrioleur s'était introduit dans sa maison.
En tirant dans cette porte, le héros des stades a tout perdu.
Ruiné, dépressif selon la défense, lâché par ses sponsors, la belle histoire de"Blade Runner" - coureur handicapé de naissance qui s'alignait aux JO de Londres de 2012 avec les valides, muni de ses prothèses de carbone - a volé en éclats.
Mercredi, Thokozile Masipa mettra un point final à cette interminable saga judiciaire qui a tenu en haleine l'Afrique du Sud pendant plus de trois années. A moins que Pistorius ne décide de tenter un ultime appel pour retarder encore un peu son retour en prison.
Avec AFP